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N° 1
JANVIER 2005
Edito 
   An 05, numéro 01.
Environnement :
   Faites ce que je dis, pas ce que je fais!
            le Pr. Belpomme à Chambéry
   Les sponsors dans la galère
   Un professeur désobéissant.
   L'incinération des déchets en question à Annemasse.
   Dioxines à la Une.
Ligue savoisienne: décisions faisant suite au 9e. Congrès.
   Les limites de la province de Tarentaise.
   Constitution de l'Union européenne.
   Candidature de la Turquie à l'adhésion à l'Union européenne.
   Élections aux fonctions exécutives.

 

Magazine
   Les alpinistes du Club Alpin Savoisien (CASE) au sommet de laBérengère.
   Les Croix de Savoie aiment le défi!
   Stich et Favre lancent un "diccionèro de fata"
Nelly Maes
   Nelly Maes, présidente de l'Alliance Libre Européenne.
Algérie
   Algérie: la question kabyle.
Turquie
   Le cheval de Troie turc
L'Europe, fille des Lumières:
   Une identité tournée vers l'avenir.
 
 
 
An 05, numéro 01.
 
 
En janvier, chacun ajoute ses voeux personnels à la liste obligatoire (santé, bonheur...) des souhaits qui s'échangent. Les Savoisiens voudraient voir leur pays sortir des ornières françaises, reprendre confiance en lui-même, renouer avec le bien-être social, découvrir les voies nouvelles de la démocratie libre, se refaire la place qu'il mérite dans le concert des nations européennes.
Pour concrétiser de tels voeux si légitimes, Le Savoisien sera de tous les débats et de tous les combats: avec notre équipe je lui souhaite de conquérir par des qualités certaines une place de choix dans le coeur de ses lecteurs, comme un compagnon utile, efficace et chaleureux.
Nous nous inspirerons modestement du saint patron des journalistes, François de Sales. Il sut résister aux compromissions dont le roi de France lui tendait le piège, et déclara: "Je suis essentiellement savoisien, et moi et tous les miens, et ne saurais être autre chose". Cela fait bien longtemps qu'on n'a plus entendu de tels propos dans la bouche de ceux que l'on nous présente comme l'élite de la Savoie d'aujourd'hui.
Que ce journal soit votre journal, qu'un dialogue permanent s'instaure entre lecteurs et rédaction, et ainsi Le Savoisien progressera avec vous, pour vous.
 
Joël Ducros, Directeur de la publication.                       ducro01.jpg (3552 octets)
 
 
Faites ce que je dis, pas ce que je fais!
 
Pour sa première conférence à Chambéry, le Pr. Belpomme a déplacé la foule. Le centre de congrès Le Manège était trop petit pour accueillir les 300 à 400 personnes qui ont répondu à l’invitation de la mutuelle Radiance.
Le Pr. Belpomme fait-il déjà partie des stars qui cartonnent? Son dernier livre, paru en mars, n’a pourtant pas fait beaucoup de bruit dans les Pays de Savoie, l’Echo de Savoie ayant été la seule publication à lui consacrer quatre pleines pages. Est-ce le parrainage de sa conférence par le Conseil Général de Savoie et la Ville de Chambéry qui a attiré l’attention des Chambériens?
illustration: "Belpomme01" (JPEG) avec légende:
 
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Qu'allaient faire les sponsors (Chambéry, Chauffage Urbain, Conseil Général, DL, etc.) dans cette galère?
 
 
 
Les sponsors dans la galère.
Le Conseil Général, qui est maintenant responsable du Plan Départemental d’Élimination des Déchets Ménagers et Assimilés (plan qui prévoit la construction d’un énorme incinérateur pour remplacer celui de Gilly-sur-Isère, de sinistre mémoire), pourrait se trouver mal quand on lui rapportera les propos du Pr. Belpomme: les dioxines, produites par les incinérateurs, font partie des poisons les plus toxiques… Ce sont des mutagènes puissants qui provoquent des cancers… Et qui voudra de cet incinérateur près de chez lui, maintenant que le Pr. Belpomme a recommandé, pour éviter le cancer, de ne pas habiter près d’un incinérateur!
La Ville de Chambéry avait également accordé son parrainage avec quelques-uns de ses satellites comme "Ville de Chambéry Développement Durable", l’Office du Tourisme Chambéry Promotion… et même la SCDC Chauffage Urbain dont on pouvait —naïvement— se demander ce qu’elle venait y faire. Parmi toutes les mauvaises raisons qui pourront être avancées, il y en a au moins une bonne: l’unité d’incinération des ordures ménagères de la ville est à la fois le plus gros et le plus polluant des incinérateurs de Savoie! On risque de vous dire à la Mairie: "Circulez, il n’y a rien à voir!" bien qu’il suffise de circuler sur l’autoroute pour voir le panache de fumée qui s’en échappe jour et nuit, surtout la nuit d’ailleurs car il se voit moins… On risque de vous dire aussi que ça n’est pas de la fumée mais seulement de la vapeur d’eau, que ça n’est pas dangereux!
C’est là que vous pourrez rapporter à vos élus les propos du Pr. Belpomme! Vous pourrez aussi leur rappeler les derniers chiffres publiés par le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable en octobre 2003 pour l’incinérateur de Chambéry : 1,72 grammes de dioxines ont été émis en 2002 soit plus de 28 fois la limite autorisée pour les incinérateurs modernes. Il ne reste plus qu’un an pour mettre aux normes cet incinérateur puisque l'État français a différé jusqu’en décembre 2005 l’application de la directive européenne du 4 décembre 2000, ce qui a fait cinq ans de gagnés pour la Ville de Chambéry mais cinq ans de perdus pour ses administrés vivant sous la menace des dioxines.
Alors, faute de pouvoir s’opposer au Pr. Belpomme, responsable national du Plan Cancer et expert auprès de la Commission Européenne, le Conseil Général de Savoie et la Ville de Chambéry ont dû appliquer le proverbe arabe "La main que tu ne peux couper, baise-là!"
Ils peuvent commencer à trembler, les élus qui ont seulement essayé d’éponger les débordements de la pollution alors qu’ils auraient dû en fermer les robinets. L’opinion publique se réveille : le Pr. Belpomme a déjà recueilli 80.000 signatures pour l’Appel de Paris et il en espère un million pour bientôt. Combien de milliers de signatures à Chambéry ?
 
 
Un professeur désobéissant.
Pendant plus d’une heure le public a été soumis à une perfusion accélérée de connaissances sur le cancer et les autres les maladies causées par la pollution de l’environnement, puis sur les mesures à prendre pour s’en sortir, individuellement et collectivement.
Il s’agissait pour le Pr. Belpomme, en reprenant la démonstration faite dans son livre , de détruire un par un les foyers de désinformation qui infectent la pensée unique, de convaincre aussi qu’il n’est pas trop tard pour agir.
L’Appel de Paris (voir encadré), lancé le 7 mai dernier par l’ARTAC, a marqué le début d’une véritable croisade contre la dégradation de l’environnement qui met l’espèce humaine en danger. Cet Appel a déjà été signé par plus de 400 scientifiques dont plusieurs Prix Nobel, par 250 associations et par environ 80.000 personnes. Le but est d’atteindre un million de signataires.
Les questions du public ont permis ensuite au Pr. Belpomme de préciser son point de vue.
Le Plan National Santé Environnement, lancé en juin par le Gouvernement français, est très critiquable pour son manque d’ambition. Il ne s’attaque pas aux causes de la pollution et vise seulement à en limiter les effets. "Ce plan n’est pas bon!" a dit le Pr. Belpomme, "On fait l’inverse de ce qu’il faudrait!"
Attaquer de front les industriels serait pourtant une erreur car nous avons besoin du progrès. Seulement, c’est d’un progrès au service de l’Homme que nous avons besoin, non pas d’un progrès qui met l’Homme au service de l’industrie.
Dans la lutte contre les O.G.M. le Pr. Belpomme n’hésite pas à donner raison à José Bové. Il avoue être favorable à la désobéissance civique comme moyen de pression… mais ne le dirait pas à la télévision!
Encore beaucoup de questions dont certaines très pratiques et d’autres plus scientifiques recevaient des réponses avant que le Pr. Belpomme n’aille dédicacer son livre et recueillir des centaines de signatures sur l’Appel de Paris.
 
Jean AYMARD
 
1 Ces maladies créées par l’Homme, comment la dégradation de l’environnement met en péril notre santé, Editions Albin Michel S.A., Paris, 2004
2 Echo de Savoie n°74, août 2004, p.6-7, et n°75, septembre 2004, p.4-5
3 Par son arrêté du 20 septembre 2002
 
 
L'incinération des déchets en question à Annemasse.
Un forum sur les Solidarités internationales, organisé par les Associations de Solidarité internationale de Haute-Savoie, s’est tenu à Annemasse du 26 au 28 novembre 2004. Le thème d’une des réunions était: Gestion citoyenne des déchets et incinération: comment faire mieux?
Ont pris la parole des représentants de l’industrie de l’incinération, le Président du Sidefage (usine de Bellegarde sur Valserine qui traite les déchets de l’agglomération annemassienne), le Directeur du Sydom (Jura) et des opposants à l’incinération: ACALP (Association Citoyenne Active de Lutte contre la Pollution) et USCP (Union Santé Contre Pollution)
Le débat a montré que la pratique en matière d’incinération était fort différente suivant que l’usine avait ou non été surdimensionnée au départ. Dans le cas d’une usine de capacité moindre, il y a obligation de penser à des alternatives à l’incinération: récupération, recyclage et compostage. Alors que la production de déchets par habitant est de plus de 1 kg par jour (450 kg environ par an par habitant) il est dangereux de construire de nouvelles unités qui ne devraient en fait servir qu'à l’élimination des déchets ultimes (ce qui n’a pu être récupéré, recyclé ou composté).
Le tout incinération doit être banni, cela a été souligné par les opposants, car il s’agit d’une technique polluante, coûteuse, dangereuse pour la santé, et ces usines d’incinération sont des investissements très lourds pour les collectivités locales chargées par la loi de l’élimination des déchets sur leur territoire.
Le citoyen, quant a lui, doit avoir un comportement plus responsable, d’abord dans ses achats en privilégiant les emballages recyclables (verre plutôt que plastique), dans sa consommation (bien qu’incité à toujours consommer plus) et dans l’élimination de ses déchets (compostage individuel encouragé).
Dans un système qui prône la croissance comme moteur de l’économie et réduction du chômage, le traitement des déchets est un problème majeur de nos sociétés et il est clair que la réduction du déchet par l’écoconception s’imposera (le recyclage et l’élimination d’un emballage ou d’un produit manufacturé doit être prévu à la conception du produit, en accord avec l’industriel, le distributeur et le consommateur) d’autant que le nombre de biens jetables tend a exploser. Le débat a aussi fait apparaître le comportement cynique et irresponsable de nos sociétés occidentales, qui font don de leur matériel informatique aux pays du tiers-monde, à charge pour eux de les traiter au stade ultime, sans qu’on leur donne les moyens pour le faire! Cette réunion a permis aux participants d’avoir une réflexion sur les limites de la croissance: nous sommes empoisonnés par nos déchets. Nous ne pourrons pas longtemps encore continuer ce mode de développement suicidaire.
Dr. Bluteau.
 
 
 
Dioxines à la Une.
Et voilà que les dioxines reviennent à la Une pour deux affaires récentes… plus une autre dont personne ne parle en Savoie.
Ukraine.
Les gros titres sont pour l’affaire Iouchtchenko. Le candidat à l’élection présidentielle en Ukraine a bel et bien été empoisonné à "la" dioxine, comme l’ont prouvé les examens pratiqués dans une clinique de Vienne. Tous ceux qui regardent la télé ont pu voir son visage ravagé, couvert des pustules du chloracné, maladie de la peau caractéristique de l’intoxication aiguë résultant d’une absorption massive de dioxines. On n’avait pas vu cela depuis 1961 au Vietnam et 1976 à Seveso. Sans vouloir épiloguer sur cet acte criminel, il faut cependant souligner que le poison choisi est le plus redoutable qui soit: au-delà des pustules les dioxines provoquent une atteinte du foie, du diabète, des maladies cardiovasculaires et des cancers. Pas immédiatement peut-être, mais 20 ans après le risque de cancer est encore augmenté de 40%.
Vietnam.
Avec de moins gros titres, mais avec tout de même une page dans L’Express du 29 novembre, le monstre reparaît sous son nom de guerre: agent orange. Des millions de litres de défoliant contenant des dioxines ont été déversés par l’aviation sur les forêts et les cultures agricoles. Plusieurs millions de civils et de militaires en ont absorbé et ont été malades, tout comme leurs enfants et petits-enfants. L’Express cite le Dr. Nguyen Thi Ngoc Toan, directrice d’une maternité à Hô Chi Minh-Ville: "Dans les régions concernées, le nombre de cancers et de bébés malformés est nettement plus important qu’ailleurs". L’Association des victimes de l’agent orange (Avao) a décidé de porter plainte pour crime de guerre en attaquant les industriels qui ont fabriqué et fourni le défoliant à l’armée américaine.
Savoie.
Chez nous, en Savoie, la presse est muette bien qu’une dizaine d’usines d’incinération des ordures ménagères aspergent nuit et jour les habitants de dioxines. À des doses très inférieures, bien heureusement, à celles utilisées en Ukraine et au Vietnam! Mais à des doses suffisamment nocives pour provoquer des cancers. Va-t-on un jour regarder le danger en face?
P. O-P.
Voir l’article " Air pollué et aliments empoisonnés : la sale affaire des dioxines ", L’Echo de Savoie n°68, Décembre 2003, page 5-6.
 
D’après L’Express le gouvernement américain disposerait d’une immunité pour tout ce qui a lieu hors de son territoire !
 
Ligue savoisienne: décisions faisant suite au 9e. Congrès.
Le Conseil des Provinces est le principal organe dirigeant de la Ligue savoisienne. Élu par le Congrès (3 membres élus à bulletins secrets par les adhérents de chque province), il se réunit tous les deux mois pour examiner l'action du Bureau exécutif et décider de l'orientation du mouvement.
Lors de sa réunion du 28 novembre 2004, le Conseil des Provinces de la Ligue savoisienne, dans sa nouvelle composition issue du Congrès de Bourg Saint-Maurice (13 et 14 novembre 2004), a élu le nouvel exécutif de la Ligue et adopté trois résolutions.
 
Résolution 1:
Les limites de la province de Tarentaise.
Le Conseil des Provinces,
— ayant entendu les demandes argumentées présentées par le Comité de Tarentaise lors du 7e. Congrès (Sciez, 26 et 27 octobre 2002);
— se conformant à l'avis favorable donné par le Conseil consultatif le 22 décembre 2003;
— soutenant les propositions de compromis faites par le Secrétaire général;
— ayant recueilli l'accord des adhérents concernés lors du 9e. Congrès (Bourg Saint-Maurice, 13 et 14 novembre 2004);
décide:
— que les cantons de Beaufort, Albertville-nord et Albertville-sud font désormais partie du territoire de la province de Tarentaise;
— que Gilbert Morand et Alain Ract deviennent membres du Comité de Tarentaise jusqu'au 10e. Congrès de la Ligue savoisienne;
— que la modification des cartes d'identité et des plaques d'immatriculation des adhérents concernés interviendra sur leur demande.
 
Résolution 2:
Constitution de l'Union européenne.
Le Conseil des Provinces,
— en conclusion des débats du 9e. Congrès (Bourg Saint-Maurice, 13 et 14 novembre 2004);
— se conformant au résultat de la consultation des adhérents lors du 9e. Congrès (81% pour la ratification du traité établissant une Constitution pour l'Europe);
décide:
— que la Ligue savoisienne s'engagera pour la ratification du traité établissant une Constitution pour l'Europe, signé à Rome le 29 octobre 2004.
— que les messages diffusés par la Ligue savoisienne sur ce sujet mettront en évidence la réussite des petites nations en Europe et l'utilité pour le peuple savoisien d'exister et d'être représenté comme nation aux côtés des autres nations du continent, à la faveur de la réduction des prérogatives des grands États de l'Union.
 
Résolution 3:
Candidature de la Turquie à l'adhésion à l'Union européenne.
Le Conseil des Provinces,
— en conclusion des débats du 9e. Congrès (Bourg Saint-Maurice, 13 et 14 novembre 2004);
— se conformant au résultat de la consultation des adhérents lors du 9e. Congrès (96,5% contre l'acceptation de la candidature de la Turquie à l'adhésion à l'Union européenne);
 
décide:
— que la Ligue savoisienne s'engagera contre l'acceptation de la candidature de la Turquie à l'adhésion à l'union européenne;
— que, si cette candidature était acceptée par le Conseil européen et que des négociations étaient ouvertes, la Ligue savoisienne continuera à s'opposer à l'adhésion de la Turquie pour des raisons essentiellement géopolitiques, prenant en considération les dangers induits par:
- l'extension de l'Union européenne au moyen-orient, au contact de l'Iran, de l'Irak et de la Syrie;
- l'imposition à un peuple du moyen-orient des conceptions européennes de l'humanisme et des rapports économiques, sociaux, culturels et politiques;
- l'intégration à l'Union européenne de 70 millions, bientôt 100 millions de Musulmans.
— que la Ligue savoisienne résistera à tous les efforts des groupes de pression économiques visant à faire passer leurs intérêts immédiats avant la paix civile et le bien-être social en Europe.
— que la Ligue savoisienne considère que la Turquie ne saurait être un interlocuteur ordinaire de l'Union européenne, ni bénéficier de ses aides, tant qu'elle n'aura pas:
- réformé en profondeur son régime politique en éliminant tous les caractères d'une dictature;
- reconnu officiellement et concrètement la diversité de son peuple et en particulier les droits de sa minorité kurde;
- reconnu officiellement la réalité du génocide des Arméniens, des Grecs d'Anatolie et du peuple suryoye-assyrien;
- renoncé à l'occupation militaire d'une partie de l'île de Chypre, État souverain membre de l'Union européenne.
 
Élections aux fonctions exécutives.
À l'unanimité, le Conseil des Provinces a attribué les fonctions suivantes.
Chancelier de Savoie: Gérald Wojtal-Aillaud (chancelier de Tarentaise)
Membres du Conseil consultatif: Jean de Pingon et Georges Billard
Trésorier: Sophie Matrat
Trésorier suppléant: Jean-Claude Buffin
Bureau exécutif:
Secrétaire général: Patrice Abeille
Secrétaire général adjoint: Joël Ducros
Délégué aux Provinces (sud): Christian Montagnon
Délégué aux Provinces (nord): Michel Jazarguer
 
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Joël
Ducros
Michel
Jazarguer
                                  

Les alpinistes du Club Alpin Savoisien (CASE) au sommet de laBérengère.
Arrivés au sommet de la Bérengère le premier août 2004, les alpinistes du Club Alpin Savoisien (CASE) étaient toujours vaillants, malgré les 2200 mètres de dénivelé dans les jambes!Et il faudra encore les redescendre, ces milliers de mètres, ce qui est encore plus pénible. Mais rien n'arrête les membres du Club Alpin Savoisien!
photos: CASE01, CASE02
 
 
 
Football: championnat national.
Les Croix de Savoie aiment le défi!
Les protégés de Pascal Dupraz peuvent aborder la trêve avec sérénité. Les nouveaux promus de National s'en sortent avec les honneurs dans un championnat où les places sont chères. Le choix de créer un grand club en Savoie n'était donc pas une utopie. Après la fusion de Gaillard et de Ville la Grand qui donnait naissance à l'équipe des Croix de Savoie, beaucoup d'observateurs restaient sceptiques. Aujourd'hui, force est de constater que le club a su se structurer pour construire son avenir autour d'un groupe de personnes qui croyaient dès le début à cette aventure.
Le titre de champion amateur 2003-2004 n'était donc pas usurpé, et la place actuelle en milieu de tableau est amplement méritée. Les tribunes du stade Louis Simon à Gaillard n'ont pas fini de vibrer avec une équipe aussi vaillante, qui sait trop bien que seul compte le travail pour atteindre les sommets.
J.D.
Tableau du National.
Rang
Club
Points
Gagnés
Nuls
Perdus
1
Valenciennes
35
9
8
2
2
Valence
34
10
4
5
3
Sète
33
9
6
4
4
Tours
32
9
5
5
5
Nîmes
31
7
10
2
6
Ajaccio GFCO
31
9
4
6
7
Paris Racing
30
9
3
7
8
Sannois St G
27
6
9
4
9
Croix de Savoie
25
7
4
8
10
Libourne
24
5
9
5
11
Cannes
24
7
3
9
12
Bayonne
24
6
6
7
13
Pau
22
5
7
7
14
Raon
21
5
6
7
15
Rouen
20
5
5
8
16
Besançon
20
6
2
11
17
Wasquehal
19
3
10
6
18
Roye
19
5
4
10
19
Cherbourg
18
3
9
7
20
Romorantin
18
4
6
9
 
Stich et Favre lancent un "diccionèro de fata"
 
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Yoran Embanner, Ida Mermillod, Dominique Stich et Alain Favre
 
Comme le déclare Yoran Delacourt, "un dictionnaire savoyard publié par un éditeur breton, c'est tout un symbole, celui d'une solidarité entre deux peuples qui luttent pour préserver leurs identités, leurs cultures... ET LEURS LANGUES."
C'est dire que la langue de bois n'était pas représentée lors de la présentation publique à Thônes, le 26 novembre 2004, du mini-dico savoyard-français (et français-savoyard) par son éditeur et par ses auteurs, Dominique Stich et Alain Favre.
Les deux spécialistes du francoprovençal n'en sont pas à leur coup d'essai, puisqu'ils ont déjà travaillé ensemble (avec la collaboration de Xavier Gouvert) à la réalisation du Dictionnaire de francoprovençal, un gros volume paru fin 2003 aux éditions Le Carré à Thonon les Bains.
Avec ce "diccionèro de fata", c'est un objet bien différent qu'ils livrent à notre curiosité. Par son format (480 minuscules pages de 65 X 50 millimètres): l'ouvrage se logera dans toutes les poches, mêmes les plus étroites. Mais aussi par le choix des mots: à l'intérieur du monde francoprovençal, nos linguistes ont sélectionné l'essentiel des mots usités en Savoie (et pas forcément en Bresse, au Val d'Aoste, etc.).
Lorsque plusieurs formes concurrentes existent, ils ont retenu celle qui sera la mieux comprise dans toute la Savoie. Ils ont considéré que le savoyard parlé à Thônes fournit une des meilleures bases à ceux qui veulent apprendre le savoyard et accéder ensuite à la compréhension de ses autres parlers et dialectes. Stich et Favre rendent un hommage particulier à madame Ida Mermillod, qui a réalisé pour elle-même et ses proches un immense travail de collectage du patois des Villards sur Thônes, où elle vit.
Pour la petite histoire, on peut ajouter que c'est le secrétariat de la Ligue savoisienne qui a mis en relation l'éditeur et les auteurs, qui ne se connaissaient pas. Yoran Embanner ("Yoran l'éditeur", en breton) cherchait en effet à poursuivre sa collection de mini-dicos, qui en comptait déjà huit: alsacien-français, breton-néerlandais, breton-anglais, breton-français, breton-allemand, breton-italien, breton-espagnol et corse-français.
C'est désormais chose faite. Stich et Favre ont d'autres projets pour développer la connaissance du francoprovençal et de ses dialectes. Un album de Tintin ("L'affaire Tournesol") entièrement en francoprovençal est en préparation...
"Diccionèro de fata, mini-dico", éditions Yorann Embanner, 6 euros chez votre libraire.
photos avec légendes suivantes:
- Yoran Delacourt
- Ida Mermillod
- Dominique Stich et Alain Favre
photo sans légende:
- dico poche
 
 
L'unité dans la diversité.
Interview de Nelly Maes, présidente de l'Alliance Libre Européenne.
L'Alliance Libre Européenne est un parti politique européen qui représente les droits des nations sans État, notamment leur droit d'autodétermination. L'ALE fédère 32 partis, parmi lesquels la Ligue savoisienne et le Mouvement Région Savoie. Cette interview a été réalisée le 10 décembre 2004 à Bruxelles par Eva Mendoza. Nous publions le texte traduit de l'anglais par Patrice Abeille.
 
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Nelly Maes au parlement européen en novembre 2003 (Bruxelles),
entourée par (de gauche à droite)
Patrice Abeille, Evelyne Anthoine et Jean Jacquier.
Racontez-nous vos débuts en politique...
— C'était il y a longtemps. En 1968 j'étais sur la liste électorale de mon parti, la Volksunie (Union Populaire, ndt), il n'y avait pas encore de parlement flamand. C'était une époque pleine de symboles, d'agitation et de passion, dans le monde entier et aussi en Belgique. J'étais engagée dans une campagne pour l'établissement d'une université flamande à Louvain, c'est ce qui m'a amenée à rejoindre la Volksunie, le parti autonomiste flamand.
C'est alors que j'ai aperçu clairement que les questions nationales et internationales étaient liées. Les partis flamands traditionnels appréhendaient un aspect, mais pour moi la Volksunie comprenait les deux et proposait les solutions que nous attendions pour nous projeter dans l'avenir.
J'étais alors une jeune enseignante, j'avais de nombreux contacts avec l'Université, avec des étudiants et avec le mouvement culturel flamand.
J'ai été élevée dans une forte conscience de mon identité culturelle, grâce à ma mère, et la culture comptait beaucoup dans le mouvement flamand de cette époque. Mon père était très défavorable à mon engagement politique, et j'ai attendu d'être mariée avant d'adhérer à la Volksunie. Pour moi, c'était un choix naturel: un nouveau parti pour une Flandre nouvelle, libre et autonome.
Parlez-nous de votre carrière politique et de ses développements principaux...
— J'ai été élue pour la première fois en 1970, c'était au Conseil municipal de ma commune de Sint Nikklas. J'ai toujours accordé une grande importance à la politique locale, en relation avec les problèmes de société, même quand je suis devenue eurodéputée.
En 1971 j'ai été élue au parlement belge: j'étais la première femme députée de la Volksunie, à l'époque cela a eu beaucoup d'importance. La Volksunie, et toute la politique belge, étaient aux mains des hommes, et la participation des femmes à la vie publique était fortement contestée. Ce fut une élection agitée: je fus d'abord déclarée élue, puis les suffrages furent recomptés et nous avons appris que je n'avais pas remporté le siège. Je suis entrée au parlement ensuite, lorsque mon maître en politique, Maurits Coppieters, chef de notre parti dans ma commune, démissionna pour entrer au sénat de Belgique.
Maurits avait du talent, il était populaire, c'était un bon orateur qui avait du succès en Flandre, surtout auprès des jeunes. Ce personnage charismatique persuadait les gens qu'on pouvait être en même temps Flamand et Européen, et que l'autonomie de la Flandre pouvait se combiner avec l'unité européenne pour diminuer la Belgique.
Pendant mon mandat, la Volksunie était la force principale pour changer la constitution belge et donner l'autonomie à la Flandre. Au cours des années 1970, les partis belges se divisèrent avec la création de partis wallons et de partis flamands. Une autonomie limitée fut instituée, dans les domaines de la culture et de l'économie. (...)
En 1978 la Volksunie connut des revers électoraux importants et je perdis mon siège au parlement. Nous avions dû signer un compromis sur la constitution, qui se révéla très impopulaire et fut rejeté par le mouvement flamand. Ce fut une période affreuse pour mon parti et pour moi-même, mais je voulus tout faire pour revenir. Trois ans plus tard la chance avait tourné, en 1981 j'entrais au Sénat de Belgique.
J'avais alors la réputation d'une extrémiste de gauche, on m'appelait Nelly la Rouge! Je ne sais pas si c'était exact, mais ce n'était alors pas ordinaire de trouver des gens très à gauche, surtout des femmes, dans une situation politique d'influence en Belgique. Je suis restée sept ans au Sénat avant de retourner au parlement.
La politique flamande connaissait des tensions croissantes au cours des années 1970 et 1980. À l'extrême droite, le Vlaams Blok se constitua et prospéra sur le mécontentement populaire à l'égard du mauvais traitement réservé à la Flandre par le "compromis belge" du début des années 1980. Nous avions une autonomie limitée mais le mouvement flamand était à la recherche de son âme.
Ce n'est qu'en 1995 qu'un parlement flamand fut institué. J'ai éprouvé l'honneur et l'émotion d'être élue à sa première élection de l'histoire.
Quelles ont été les principales controverses politiques auxquelles vous vous êtes consacrée?
— Il y en a eu beaucoup. Bien sûr le mouvement flamand, la lutte pour l'autonomie et la démocratie flamandes ont été au cœur de tout ce que j'ai fait en politique.
Au long de ma carrière j'ai oeuvré pour étendre les droits des femmes, pour l'émancipation des femmes; pour moi cela allait de soi, étant donné que j'étais entrée dans un monde politique qui était alors presque entièrement dominé par les hommes. Vous pourriez dire que j'étais une féministe. J'ai participé à la lutte pour légaliser l'avortement en Belgique, pour donner aux femmes le droit de choisir, ce fut certainement l'un de mes engagements les plus durs.
J'ai été très active dans le domaine de l'enseignement, en particulier pour une réforme du système en Flandre qui a réduit l'influence religieuse dans le système éducatif. J'ai aussi lutté pour l'instauration d'un salaire minimum en Belgique: la Volksunie a été pionnière sur ce sujet et nous avons fini par obtenir satisfaction. C'était important de combattre la pauvreté et les bas salaires en Belgique.
J'ai accordé une grande importance aux questions internationales. Au parlement belge j'ai pesé pour qu'il y ait une enquête sur le commerce des armes. J'ai toujours mis en avant le développement international et la coopération.
Parlez-nous de l'histoire de l'Alliance Libre Européenne...
— Maurits Coppieters, mon mentor politique, fut élu au Parlement européen en 1979. J'étais dans son équipe et dans toutes ses campagnes ultérieures, j'étais présente quand l'Alliance Libre Européenne fut fondée en tant que fédération de partis, à Bruxelles en 1981. La force d'initiative en était Jaak Vandemeulebroucke, qui était un assistant de Coppieters et devint par la suite un parlementaire européen de la Volksunie. (...)
En 1984, trois membres de l'ALE (Vandemeulebroucke et Kuijpers de la Volksunie, et M. Columbu du Partito Sardo d'Azione) fondèrent, avec les écologistes, le groupe Arc-en-Ciel au Parlement européen; ils furent rejoints par M. Garaikoetxea, du parti basque EA.
Des relations informelles avec des partis d'inspiration similaires dans d'autres parties de l'Europe avaient déjà commencé. C'était très important pour nous. Même quand nous avions les pires difficultés dans la politique intérieure, j'ai toujours trouvé une source d'inspiration dans la politique européenne. L'Europe est très importante pour moi; j'ai toujours cru que nous avons besoin d'unité européenne pour la paix dans le monde, mais l'unité de l'Europe a besoin de respecter la diversité européenne.
Les petites nations n'ont jamais provoqué de conflits en Europe; j'ai toujours eu le sentiment que la paix et la sécurité sont menacées par les grands États.
Les partis qui ont formé l'ALE étaient unis par un désir de paix en Europe et de respect pour les traditions, les cultures, les langues et les modes de vie. Nous voulions un Europe différente de celle qui était en train de se construire: moins de pouvoir aux mains des grands États et des groupes d'intérêts, davantage de démocratie locale et de respect pour les droits des peuples.
Vous êtes entrée au Parlement européen...
— Devenir eurodéputée a été pour moi la réalisation d'un rêve. Je suis entrée au Parlement en 1998 et j'ai été réélue en 1999. J'ai eu la possibilité d'être une porte-parole pour la Flandre et pour le rôle des petites nations en Europe et dans le monde, en particulier de promouvoir la paix, la justice, la diversité nationale, culturelle et linguistique, l'accroissement de l'autonomie.
La philosophie de l'ALE est d'établir une solidarité entre ceux qui ont leur propre État et ceux qui sont toujours en lutte pour l'obtenir. Entre ceux qui veulent davantage d'autonomie et de démocratie locale et ceux qui ont déjà atteint ce niveau. Nous pouvons être un pont qui aide tous les partis qui ont ces objectifs à travailler ensemble. Nous travaillons aussi à construire un pont entre les institutions européennes et les petites nations. Pour l'instant les grands États sont les principaux acteurs européens; nous voulons que les voix diverses des petites nations européennes soient entendues. Nous voulons une subsidiarité concrète et non plus seulement de principe.
(Nelly Maes a terminé son mandat européen en juin 2004. Elle est l'actuelle présidente de l'Alliance Libre Européenne, refondée avec des statuts de parti politique européen à Barcelone fin mars 2004.)

Algérie: la question kabyle.
Un livre de Ferhat Mehenni, fondateur du MAK (Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie)
Né il y a 50 ans, chanteur célèbre en Algérie, Ferhat Mehenni a fondé, en août 2001, le MAK (Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie), qui a fait de la défense des intérêts kabyles sa priorité.
Que veut la Kabylie? Région oubliée d'un pays qui a sombré dans le chaos, la Kabylie a toujours été jalouse de sa spécificité berbère. Niée par la colonisation, niée par l'Algérie indépendante, elle est victime d'une arabisation forcée et d'une répression devenue sanglante à partir d'avril 2001. De révolte en révolte, pour tenter de démocratiser l'Algérie, la Kabylie s'est trouvée isolée dans son combat. Son particularisme réclame un traitement à part. Aujourd'hui se pose la question de son autonomie et c'est à cette question que répond avec vigueur et conviction Ferhat Mehenni.
Ce livre est une lettre ouverte aux Kabyles pour qu'ils prennent leur destin en main et, pour tous, l'occasion de faire le point sur la Kabylie.
Ce livre ne laissera pas indifférents les Savoisiens, qu'ils aient fait ou non l'expérience personnelle de la guerre d'Algérie. L'auteur passe en effet en revue toute l'histoire de l'Algérie contemporaine, sans en escamoter les aspects les plus terribles, et en tire la conclusion qu'il s'est trompé, comme la plupart des Kabyles, en s'identifiant à une Algérie dominée par les Arabes, qui insultent ordinairement les Kabyles en les traitant de Juifs!
Quelques extraits du livre de Mehenni feront sentir aux lecteurs du Savoisien l'originalité et le courage de son engagement autonomiste.
"La France a mis vingt-sept ans pour venir à bout de la Kabylie, ce fut la dernière région soumise alors qu'elle n'était qu'à une journée de marche d'Alger. C'est cette farouche résistance à leur avancée que les Français ont sanctionnée en décidant de ne prendre en considération leur identité et leur langue que pour les mettre en conflit avec les autres Algériens dont l'arabité était reconnue et consacrée, notamment à travers les "Bureaux arabes". L'autorité coloniale discriminait déjà les Kabyles dans les faits. Leur existence ne mouvant être occultée, des anthropologues ont été mis à contribution pour opposer les "Arabes" et les Kabyles en incitant à la haine. Le "particularisme kabyle" était né". p.83
Le séisme de Boumerdès était durement ressenti par notre région sans que quiconque ne mentionne qu'il s'agissait de la Kabylie
"L'isolement de la Kabylie n'a fait que s'accentuer au fil des ans. En 1980, le Printemps berbère était confiné au réduit kabyle tout comme l'a été le boycott scolaire de 1994-1995. Le Printemps noir qui a commencé en avril 2001, malgré sa durée, le nombre de prisonniers politiques et les 123 morts par projectiles d'armes automatiques des services de sécurité algériens, n'échappe pas à cette règle. En revanche, les Algériens se sont mobilisés pour les Irakiens à deux reprises, pour les Palestiniens de façon systématique, pour le monde entier à n'importe quelle occasion, mais jamais pour la Kabylie, y compris lorsqu'il s'est agi d'un tremblement de terre comme ce fut le cas en 1998. Les sinistrés d'Ayt Oumaouche et d'Ayt Ourtilane sont toujours abandonnés sous leurs tentes de fortune. Le séisme de Boumerdès était durement ressenti par notre région sans que quiconque ne mentionne qu'il s'agissait de la Kabylie". p.86-87
"La crise qui secoue l'Algérie depuis son indépendance a pour origine la volonté du pouvoir algérien de diluer la Kabylie dans l'identité nationale arabe conquérante". p.142
Le modèle français calqué sur l'Algérie est un crime historique
"Lorsque les lignes de fractures politiques qui traversent un pays sont ethniques, la conception centralisatrice et jacobine de l'État est une absurdité, une grenade dégoupillée pouvant exploser à n'importe quel moment. Le modèle français calqué sur l'Algérie est un crime historique". p.124
"La Kabylie n'est en avance sur personne. Elle a juste des aspirations différentes du reste du pays. Les Kabyles ont investi dans la modernité et regardent du côté de l'Occident tandis que les autres Algériens aspirent à ressembler ou à recréer, chez eux, un mythique Orient arabe et musulman". p.94
Pour conforter les propos de Ferhat Mehenni, on peut se référer à ce qu'écrit Masin Ferkal, représentant du mouvement berbère Tamazgha, dans "Le Peuple Breton" (n°491, décembre 2004), le mensuel de l'UDB (Union Démocratique Bretonne):
"Même s'ils ont été confrontés à des défaites militaires, Imazighen (nom collectif par lequel se désignent eux-mêmes les Berbères, en l'occurrence les Kabyles, NDE) sont toujours arrivés à renverser les situations et à se soulever contre l'occupant et à le repousser. Le seul colonialisme duquel Imazighen n'ont pas pu encore se débarrasser est l'arabo-islamisme, puisqu'à ce jour il domine en Afrique du Nord et continue à coloniser cette terre et son peuple. Contrairement à ce que l'on veut faire croire, l'islamisation de l'Afrique du Nord s'est faite dans le sang et la violence la plus sauvage: viols de femmes, massacres des populations, pillages, déportation de femmes et d'enfants au Moyen-Orient où ils ont été vendus aux marchés des esclaves... (...)
Le seul colonialisme duquel Imazighen n'ont pas pu encore se débarrasser est l'arabo-islamisme (Masin Ferkal)
C'est cette politique qui règne encore aujourd'hui en Afrique du Nord et qui constitue le socle de l'idéologie dominante qui a, par ailleurs, programmé l'éradication de l'amazighité (berbérité).
Cette politique d'arabisation a été reprise par le colonialisme français. Et aujourd'hui encore on déplore l'attitude de l'État français qui soutient et assiste les régimes des États qu'il a lui-même, par ailleurs, créés en Afrique du Nord.
L'entretien de la confusion qui règne aujourd'hui quant aux Berbères, considérés délibérément comme étant arabes, illustre l'implication de l'État français dans cette volonté d'assimilation des Imazighen. Comme il y a une tendance à confondre Imazighen avec des Arabes, il y a également une tendance à les catégoriser comme "musulmans". S'il y a des peuples dont l'histoire est liée à une religion donnée, cela est loin d'être le cas des Imazighen, dont l'histoire est beaucoup plus vieille que celle de beaucoup de religions...
Après avoir été animistes, Imazighen ont découvert la première religion monothéiste qu'et le judaïsme, qui s'est propagé en Afrique du Nord. Ils ont par la suite embrassé le christianisme et ont contribué à son développement: Saint Augustin, pour ne citer que lui, n'était-il pas amazigh (berbère)? Enfin la religion musulmane s'y est installée depuis treize siècles. Sans oublier que nombre d'Imazighen n'ont pas de religion et ne souhaitent pas en avoir. Aujourd'hui, Imazighen sont faits de toute cette diversité, même s'il y a une religion qui détient le pouvoir et qui oeuvre pour asseoir son hégémonie par la force et la violence."
Au moment où toute l'attention publique est tournée vers le Bosphore, le livre de Ferhat Mehenni jette une lumière cruelle sur l'Algérie, un pays trop souvent oublié depuis sa tragique indépendance: le totalitarisme arabo-musulman y est à l'œuvre, avec le soutien de la France. L'oublier serait plus qu'une négligence, ce serait une faute.
Patrice Abeille.

Le cheval de Troie turc,
ou comment nationaliser l'immigration et islamiser l'Europe.
par Jean de Pingon.
 
Jean de Pingon reformule et développe les propos qu'il tenait à la tribune du 9e. Congrès de la Ligue savoisienne (Bourg Saint-Maurice, 13 et 14 novembre 2004). Points forts de sa démonstration: la Turquie n'est pas un État laïque; l'islam turc est une menace pour nos libertés; compte tenu de son poids démographique, l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne marquera la fin du rêve européen et même de la civilisation européenne que nous connaissons.
Lors de notre dernière fête nationale, j'ai démontré que l'islam n'est pas une religion mais une idéologie politique totalitaire dont les musulmans sont les premières victimes. Mon allocution fut imprimée en première page de l'Écho de Savoie. Quelques jours après la parution de l'Écho, deux mosquées furent incendiées à Annecy. Personne ne s'est avisé de trouver dans mon texte la moindre "incitation à la haine raciale" et ne s'est permis de faire un rapprochement entre mon analyse de l'islam et l'incendie des mosquées. Personne ne l'a fait parce que personne ne pouvait le faire. Ce que j'ai avancé est la simple vérité, une vérité que bien peu osent formuler.
Si on établit que l'islam est une idéologie politique totalitaire alors il n'est pas interdit de dire que l'immigration massive de population musulmane en Europe constitue un danger pour nos démocraties.
La France, qui, selon Alexandre Adler est "le quatrième État maghrébin", est déjà le théâtre des dérives communautaires engendrées par l'islamisme. D'autres pays européens, dont l'Espagne et les Pays-Bas,
"... Entre l'islamisme qualifié d'islam politique et l'islam, il existe une différence de degré, mais absolument pas de nature..." A-M. Delcambre
commencent également à connaître de sérieux problèmes dus à l'islamisme. Le processus d'érosion démocratique est en oeuvre; la plupart des États d'occident ont déjà renforcé leur arsenal juridique pour cause d'insécurité liée à l'immigration ou au terrorisme islamique, Nos libertés sont les secondes victimes de l'islamisme.
"... Entre l'islamisme qualifié d'islam politique et l'islam, il existe une différence de degré, mais absolument pas de nature...", écrit Anne-Marie Delcambre dans son livre "L'islam des interdits". Il est étonnant que ce petit livre ait si peu d'audience: c'est un excellent ouvrage de vulgarisation qui "montre que nombre d'interdits ou de blocages actuels de la religion musulmane ne sont pas seulement des dérives intégristes mais font partie intégrante de l'islam lui-même." Anne-Marie Delcambre connaît bien son sujet, elle est Docteur d'État en droit, docteur en civilisation islamique, conférencière islamologue et professeur d'arabe au Lycée Louis-Le-Grand à Paris.
À ceux qui prétendent avoir lu le Coran et ne pas y avoir vu autre chose qu'un livre saint, je conseille la lecture de cet ouvrage, puis celle du "Livre des Ruses", le plus ancien ouvrage de stratégie politique des Arabes. Si, après ces lectures, ils n'ont pas pris conscience du danger que représente l'islam pour la démocratie, alors c'est qu'ils sont de mauvaise foi!
À la fin du 19e. siècle, Chrétiens et Juifs étaient encore majoritaires à Istanbul. Istanbul c'est l'ancienne ville européenne de Constantinople tombée aux mains des Turcs. Aujourd'hui Istanbul est musulmane à 95%. Cela montre qu'en un siècle l'Islam s'est radicalisé en Turquie et a fortement développé son intolérance naturelle. Cela montre également ce que les Turcs font de l'Europe quand ils y ont mis le pied.
La Turquie, un État laïque: rien n'est plus faux!
Qu'on ne s'y trompe pas, notre propos n'est pas d'établir une hiérarchie entre les monothéismes orientaux. L'Europe a mis 15 siècles pour se libérer des turpitudes de ceux qui avaient détourné la religion pour affermir leur pouvoir. C'est précisément au nom de cette libération que nous ne pouvons pas accepter le retour du fanatisme religieux en Europe: on a déjà donné!
Le parti de Recep Erdogan, l'actuel Premier Ministre de la Turquie, est un parti islamiste fondé sur les cendres d'un parti religieux interdit. Erdogan lui même a été condamné pour "incitation à la haine religieuse", et cela dans un pays musulman à 99,8%.
Le 12 décembre 1997, lors d'un meeting public, Recep Erdogan déclara:
"Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées nos casernes et les croyants nos soldats." Et c'est ce fanatique musulman, dont la femme et les filles portent le voile, qui a dominé le sommet européen à Bruxelles, le 17 décembre dernier, et propulsé la Turquie dans l'antichambre de l'Europe! C'est cet homme que les Turcs à présent acclament comme "le conquérant de l'Europe"! Et c'est ce fanatique musulman que les Turcs ont acclamé en décembre, à son retour de Bruxelles, comme "le conquérant de l'Europe"...
"Si Erdogan cache son jeu, il l'a fait de magistrale façon", pouvait-on lire dans "La Libre Belgique". Si les parlementaires européens lisaient le "Livre des ruses", ils comprendraient peut-être qu'ils se sont fait rouler comme des loukoums (célèbre confiserie turque).
On nous présente souvent la Turquie d'aujourd'hui comme un État laïque; rien n'est plus faux!
L'héritage laïque d'Atatürk a été remis en question. La Turquie connaît aujourd'hui une véritable ré-islamisation.
En 1993, "les barbes à la mode islamique et les voiles chez les femmes proliféraient; les mosquées attiraient des foules; les librairies regorgeaient de livres, de disques compacts et de vidéos à la gloire de l'histoire, des préceptes et des modes de vie islamiques, chantant les louanges de l'Empire ottoman pour avoir su préserver les valeurs du prophète. On ne comptait pas moins de 290 maisons d'édition et sociétés de presse, de 300 publications dont quatre quotidiens, de plusieurs centaines de radios libres et de presque 30 chaînes de télévision libres propageant l'idéologie islamique". (Éric Rouleau "the challenges to Turkey", Foreign Affairs, 72, Novembre-décembre 1993, P. 119).
"Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées nos casernes et les croyants nos soldats." R. Erdogan
"Dans les années quatre-vingts et quatre-vingts-dix, le gouvernement turc, bien que soi-disant laïc, a soutenu un bureau des affaires religieuses, avec un budget supérieur à celui de certains ministères; il a financé la construction de mosquées, instauré l'instruction religieuse obligatoire dans les écoles publiques, subventionné des écoles islamiques" (Samuel Huntington "Le choc des civilisations" p. 160).
C'est Jacques Chirac qui, interrogé le 15 décembre dernier sur le problème que pouvait constituer l'entrée d'un pays musulman aussi peuplé que la Turquie dans l'Union Européenne, répondit sur un ton offusqué: "la Turquie est un État laïque!"
Avec la Turquie c'est une communauté musulmane de 200 millions de fidèles qui entrera en Europe
L'Islam est incompatible avec la prospérité économique. Il n'est donc pas étonnant que la Turquie soit dans un état économique déplorable: c'est le premier débiteur mondial auprès du FMI.
Comme dans tous les pays sous-développés la croissance démographique est impressionnante: actuellement 70 millions d'habitants, 100 millions dans trente ans!
La constitution européenne indexe le pouvoir politique des États sur leur poids démographique, cette règle assurera la prédominance de la Turquie en Europe.
En plus de la Turquie il y a l'arrière-boutique: les ressortissants des Républiques turcophones de l'ex-URSS.En 2014 cette population totalisera à peu près 200 millions d'habitants, tous musulmans, tous pauvres, tous candidats à l'immigration vers l'Europe.
La Turquie a profité de l'écroulement de l'Union soviétique pour se tourner vers les anciennes républiques turcophones d'Asie centrale: l'Ouzbékistan, le Turkménistan, le Kazakhstan, le Kirghizstan et l'Azerbaïdjan. En 1992 la Turquie s'est fortement endettée pour leur prêter 1,5 milliard de dollars à des taux d'intérêts à long terme faibles. En remplacement de la télévision russophone elle a accordé 79 millions de dollars à ces pays pour créer une télévision turcophone par satellite. Elle accorde des bourses pour former des cadres, des officiers, des diplomates. Elle envoie des professeurs pour enseigner le turc. Elle a également passé des accords avec l'Azerbaïdjan pour la construction d'un pipe-line transportant son pétrole et celui d'Asie centrale vers la Méditerranée à travers le territoire turc. Ces territoires représentent la deuxième réserve mondiale de pétrole. Ces pays d'Asie centrale sont également les pays de toutes les contrebandes et de tous les trafics, ils servent aussi de base arrière aux réseaux islamistes dont le plus connu est Al Qaïda.
Il ne faut pas parler de frontière entre la Turquie et ses voisins turcophones. Le terme de passoire serait mieux approprié. Le redéploiement de la Turquie en direction du Caucase et de l'Asie centrale n'est rien d'autre que la réalisation d'un projet connu sous le nom de la Communauté Turque des Nations.
Avec la Turquie c'est une communauté musulmane forte de 200 millions de fidèles qui entrera en Europe. Cela constituera un sérieux renfort pour les 18 millions de musulmans établis en Europe, qui la considèrent déjà comme une terre d'Islam et qui forment la tête de pont de cette future invasion.
L'adhésion de la Turquie: une façon de nationaliser l'immigration extra-européenne.
La tête de pont de la nouvelle invasion islamiste est également constituée par les organisations internationales, souvent dirigées par des musulmans, qui ne cessent de faire pression sur l'opinion et sur les instances européennes en vue de l'adhésion de la Turquie et du développement de l'immigration extra-européenne majoritairement musulmane.
Dans mon prochain exposé j'aborderai ce sujet avec, en particulier, les dernières déclarations sur ce thème des plus hauts responsables de l'Organisation des Nations Unies et du Bureau International du Travail. Le sujet de cet exposé sera l'immigration extra-européenne. Je montrerai, chiffres en mains et preuves à l'appui, que cette immigration n'est pas, et n'a jamais été, une source de prospérité pour l'Europe. Je montrerai également que le dynamisme économique peut être associé à un fort troisième âge et combien il est faux d'avancer que l'Europe sera ou bien entraînée dans le marasme économique à cause du vieillissement de sa population, ou bien sauvée par le dynamisme démographique de l'immigration extra-européenne.
L'adhésion de la Turquie, c'est en fait une façon de nationaliser cette immigration extra-europénne.
Si ce projet devait aboutir, c'en sera alors fini de l'Europe: les héritiers des hordes arabo-musulmanes, des hordes turco-mongoles ou turco-tartares qui, pendant près de dix siècles l'ont menacée et souvent envahie, y prendront pied définitivement.
Que reste-t-il de Byzance, la première capitale de la chrétienté, quel héritage de Constantinople, le dernier sanctuaire de l'Empire romain? Que reste-t-il de cette ville qui fut la capitale de la chrétienté pendant plus de mille ans, la métropole la plus opulente d'Europe, dépositaire de tout l'héritage de l'Antiquité classique? Que reste-t-il de celle que les Vikings appelaient dans leurs sagas Micklegarth, "la grande cité"?
Elle tomba aux mains des Turcs le 29 mai 1453. Après trois jours de pillage, la prière musulmane du vendredi fut dite dans Sainte-Sophie transformée en mosquée.
Que restera-t-il de l'Europe lorsque la Turquie, membre de l'Union Européenne, et État le plus peuplé de cette communauté, aura nationalisé l'immigration musulmane? C'en sera alors fini du rêve européen!
Ce sera un autre rêve qui se réalisera: le rêve des califes Omeyyades, dont l'empire s'étendait de l'Espagne aux frontières de la Chine et de l'Inde du nord, ou le rêve de l'Empire Ottoman qui soumit les Balkans à la loi coranique. Soliman II, dit le magnifique, fut le plus fameux de ces Ottomans. Des premiers califes Omeyyades aux derniers califes ottomans, en passant par les califes de Cordoue, tous n'avaient qu'un rêve pour l'Europe: la soumettre à l'islam. Certains parvinrent au seuil de l'Europe, cependant le foyer de la civilisation occidentale leur demeura toujours interdit.
Mais ce rêve de calife n'a rien à voir avec le rêve européen, car l'islam a pour vocation de soumettre par la force, ou de se substituer par la ruse, afin d'établir sa domination et ses principes qui sont contraires aux principes démocratiques sur lesquels s'est édifiée l'Europe.
L'Union Européenne se désintégrera si elle intègre la Turquie.
La civilisation occidentale est la seule civilisation dont on peut dire aujourd'hui qu'elle est civilisée dans ses principes; elle cessera de l'être si elle tolère l'islamisme sur son sol.
En cette affaire la Turquie joue le rôle de cheval de Troie: l'intégrer à l'Union Européenne permettra de nationaliser cette immigration extra-européenne qui ne cesse de poser problème. Le corollaire de cela c'est que l'Union Européenne se désintégrera si elle intègre la Turquie.
De puissants lobbies sont à l'œuvre pour réaliser ce dessein, les intérêts les plus divers et souvent les plus antagonistes s'y rejoignent, le but commun est clair: en finir avec la vieille Europe.
La civilisation occidentale aura alors déserté le continent qui l'a engendrée. Si cela devait advenir, un nouveau Saint Empire renaîtra outre-Atlantique, sur une terre désormais fermée à l'immigration arabo-africaine pour cause de 11 septembre, une terre où 40% de la population se définit aujourd'hui comme adepte du "Born again", le protestantisme de GeorgeW. Bush, une terre où la minorité noire est en régression tandis que les "Latinos", fervents catholiques, s'y imposent chaque jour davantage.
Quant aux habitants de la vieille Europe, qu'ils se souviennent de Byzance! On y discutait du sexe des anges...
N'oublions pas que c'est sous la pression des États-Unis que l'Union Européenne a négocié une union douanière avec la Turquie en 1995.
Ce qui se met en oeuvre à présent, avec le projet d'adhésion de la Turquie â l'Union Européenne, c'est ni plus ni moins que la fin de la civilisation occidentale sur les terres qui l'ont vu naître et sa renaissance, sous une forme plus conquérante, plus dominatrice, plus fondamentaliste que jamais sur les terres de la première puissance mondiale.
Quant aux habitants de la vieille Europe, qu'ils se souviennent de Byzance! On y discutait du sexe des anges; c'était là l'objet de toutes les polémiques, de toutes les querelles, alors que la ruine s'approchait de ses murs, que les Byzantins croyaient imprenables.
Il en est de même aujourd'hui en Europe: on fait mine de croire que la Turquie n'est pas un pays islamiste, et l'on discute de la façon dont elle va appliquer les préceptes des droits de l'Homme, et l'on discute de savoir si elle reconnaîtra le génocide arménien, ou d'autres génocides, que cet État laïque a perpétrés pour des causes religieuses (J'évoque ici le génocide des Grecs d'Anatolie en 1922).
Ces querelles byzantines relèvent de l'angélisme, et je ne peux m'empêcher de songer au Livre cles Ruses lorsque le chef du gouvernement turc vient plaider la cause de son pays devant la Commission Européenne, lui qui, avant d'accéder au pouvoir, tenait des propos d'une violence inouïe à l'encontre de ceux qui n'adhèrent pas à l'islam. L'islam dont la source est le saint Coran:
 
Ô vous qui croyez! Les infidèles ne sont qu'impuretés... Combattez ceux qui ne croient point en Allah... Combattez-les jusqu'à ce qu'ils payent la jizya, de leurs propres mains, après s'être humiliés... Ceux qui croient à Jésus fils de Dieu méritent la mort. Il faut qu'Allah les tue ou les anéantisse. Ils méritent l'enfer où ils demeureront éternellement. Ce sont comme les Juifs les pires des humains.
(versets 28, 29, 30 de la sourate 9).
J. de P.
Légende de l'image de Une:
Constantinople, ville fondée par l'empereur romain Constantin en 330 de notre ère sur le site de l'ancienne Byzance, est située sur la rive européenne du Bosphore. Son port ancien, nommé Corne d'Or, l'un des meilleurs du monde, a 6500 mètres de long sur 600 à 1000 mètres de large.
Les Turcs, ayant conquis cette ville en 1453, lui ont donné le nom de Stamboul, ou Istanbul, par déformation de la locution grecque "eis tèn polin" (en ville), ou même Islambol (ville de la foi).
À la fin du 19e. siècle, Chrétiens et Juifs étaient encore majoritaires à Istanbul. Aujourd'hui, Istanbul est musulmane à 95%.
Légende du drapeau turc:
Drapeau de la République de Turquie.
Le croissant de lune qui figure sur les drapeaux et monuments de nombreux pays musulmans n'est pas un symbole de l'islam! Il ornait les armes de Byzance et fut pendant mille ans le symbole de la chrétienté d'orient. Au lendemain de la prise de Constantinople, les Turcs firent du croissant byzantin leur symbole national.
 
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L'Europe, fille des Lumières: Une identité tournée vers l'avenir.
par Guiu Sobiela-Caanitz.

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(Texte amendé de l'allocution prononcée le 13 novembre 2004 à Bourg Saint-Maurice devant le 9e. Congrès de la Ligue savoisienne)
Le "Traité établissant une Constitution pour l'Europe", dans son article I-2, définit comme suit nos valeurs communes: "L'Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d'égalité, de l'État de droit, ainsi que de respect des droits de l'homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l'égalité entre les femmes et les hommes".
Tout cela s'est cristallisé au cours des siècles, mais surtout à partir des idées politiques, sociales et philosophiques du 18e. siècle, de ce qu'on nomme "les Lumières". Ces valeurs ne sont jamais acquises une fois pour toutes; ainsi, la Suisse n'a pu signer la Convention européenne des droits de l'homme qu'après avoir stipulé dans sa constitution fédérale l'égalité entre femmes et hommes, et il a encore fallu bien du temps pour qu'on fasse progresser cette égalité, notamment dans les domaines politique, civil et salarial.
 
Plus jamais de guerres fratricides!
 
Le combat continu pour le triomphe et la sauvegarde de ces valeurs définit l'identité européenne, une identité tournée vers l'avenir. Le préambule rappelle que l'Europe est "désormais réunie au terme d'expériences douloureuses". De ces "expériences douloureuses" témoignent les longues listes gravées sur les monuments aux morts de vos beaux villages savoisiens. Ces hommes ne sont pas morts "pour la France", mais "par la France", et, dans le cas de la Savoie du Nord, en violation de la neutralité "helvétique" que les traités du 19e. siècle avaient stipulée pour cette région. Si vous allez dans les villages alpestres du Piémont et de la Vallée d'Aoste, vous trouverez souvent des listes plus longues. En effet, les régiments d'"Alpini" de Victor-Emmanuel III, décimés de 1915 à 1918 dans la neige et la glace du front autrichien, le furent à nouveau, de 1941 à 1943, en Ukraine où Mussolini les envoya se battre, car ces montagnards résistaient aux températures les plus extrêmes. Les deux guerres mondiales firent des dizaines de millions de morts. Les premiers traités d'intégration européenne furent négociés par des hommes conscients de leurs valeurs communes qui ne voulaient pas que leurs descendants revoient "cela". On nomme souvent trois catholiques parlant l'allemand: le chancelier allemand Konrad Adenauer, le Lorrain germanophone Robert Schuman, né à Luxembourg, qui avait fait la Grande Guerre sous l'uniforme allemand, et Alcide De Gasperi, qui représenta sa patrie trentine à Vienne à partir de 1911 et resta fidèle à l'Autriche impériale jusqu'à la disparition de celle-ci en 1918. Mais n'oublions pas des artisans "laïques" de l'Europe, tels que le Bruxellois Paul-Henri Spaak et le Charentais Jean Monnet.
 
Des héritages ambivalents.
 
Pour l'intégration européenne combattent aujourd'hui des femmes et des hommes appartenant à toutes les familles spirituelles, sauf certes la jacobine. Il ne faut donc pas confondre l'identité de l'Europe avec nos racines communes, ce que le préambule du traité nomme "les héritages culturels, religieux et humanistes de l'Europe". C'est fort sagement que la Convention présidée par Valéry Giscard d'Estaing a mis au pluriel le terme d'"héritages" et l'a assorti de trois adjectifs soulignant encore sa variété. Le passé de notre continent est si divers qu'on n'a pu lui définir aucune identité historique. Ses racines chrétiennes elles-mêmes sont multiples. Le schisme entre Orient et Occident remonte à presque mille ans, la Réforme de Luther à près de cinq siècles, et elle a été suivie d'une Réforme anglicane et d'une calviniste. Nos héritages religieux, c'est tout ce que nous devons à l'activité des différentes écoles monastiques, comme celle de l'Irlande dont parle Thierry Mudry, ce sont les différents styles architecturaux qui concernent d'abord la construction des églises, c'est le chant grégorien, puis la musique sacrée. Mais il y a aussi tout un pan de notre héritage chrétien dont nous ne nous réclamons certes point, c'est cette intolérance qui a engendré les croisades, l'inquisition, la chasse aux prétendues sorcières, etc. L'ambivalence du christianisme historique s'incarne dans la figure de saint Bernard de Clairvaux, grand mystique à qui nous devons de belles pages sur l'humilité et la nécessité socratique de se connaître soi-même, mais aussi des appels à la guerre sainte et à l'extermination des mécréants qui en font un véritable Abou Djihad chrétien (dans son traité destiné aux Templiers "Ad milites templi de laudibus novae militiae").
 
Mais il y a aussi tout un pan de notre héritage chrétien dont nous ne nous réclamons certes point, c'est cette intolérance qui a engendré les croisades, l'inquisition, la chasse aux prétendues sorcières, etc.
 
L'être européen est une personne.
 
Le préambule du projet de "Constitution pour l'Europe" proclame que l'Europe "veut demeurer un continent ouvert à la culture, au savoir et au progrès social". Or, la base de la recherche telle que nous la connaissons, c'est son autonomie par rapport à la foi religieuse. Cette règle est apparue dans l'Occident sous l'influence du philosophe arabe Abou al Oualid Ibn Rouchd (Averroès), disciple enthousiaste d'Aristote. C'est surtout le moine franciscain anglais Guillaume d'Ockham (1285-1349) qui en a tiré une conséquence révolutionnaire: tout ce que l'esprit humain peut connaître part de l'objet unique et concret. Voilà du coup réhabilité l'individu; cette réhabilitation est l'élément essentiel commun de la Renaissance et de la Réforme. Les œuvres d'art ne sont plus anonymes, mais signées. Le
chrétien ne peut plus se contenter d'écouter le sermon et de contempler les fresques et vitraux de son église; il doit lire et méditer la Bible. Dès la seconde moitié du XIVe siècle, l'empereur Charles IV, celui-là même qui en 1361 accorda l'immédiateté d'Empire au "Comte vert" Amédée VI de Savoie, écrivit lui-même sa biographie au lieu de laisser ce soin à un chroniqueur, comme c'était l'usage avant lui. Ockham a marqué une véritable révolution de l'esprit européen. Après lui se sont affinées peu à peu les notions de personne, de dignité de la personne, de droits de la personne, de responsabilité de la personne, etc. Ces notions ressortent notamment du projet de constitution européenne, dès son titre I. L'art. I-2 relève les valeurs fondamentales de "respect de la dignité humaine, (...) des droits de l'homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités, (...) et de l'égalité entre les femmes et les hommes". L'art. I-4 § 2 stipule: "Toute discrimination exercée en raison de la nationalité est interdite".
 
la base de la recherche telle que nous la connaissons, c'est son autonomie par rapport à la foi religieuse
 
Qu'est-ce que le fédéralisme?
 
Néanmoins, une insistance unilatérale sur l'individu isolé le laisserait seul face à l'État-Moloch, au Léviathan de Hobbes. Pour limiter le pouvoir de cet État, il faut un contre-pouvoir plus proche du citoyen, que ce soit un canton suisse, un "Land" (pluriel: "Länder") allemand ou autrichien, ou encore l'une des trois régions de la nouvelle Belgique fédérale. Ce n'est pas par hasard que trois "Länder" et deux villes hanséatiques de l'Allemagne se nomment officiellement "libres" ("État libre" ou "ville libre"); non seulement ce sont de véritables États, souverains dans bien des domaines, mais encore leur existence politique est antérieure à la République fédérale d'Allemagne qui n'est née qu'en 1949. En Suisse, Genève n'est pas seulement canton, mais "République et canton". Tous ces États fédérés savent défendre vigoureusement leurs libertés contre les tentatives d'empiètement du pouvoir central. Le fédéralisme, c'est bien autre chose que la très timide décentralisation française qui laisse à Paris une pléthore de fonctionnaires. Une véritable fédéralisation contraindrait, je dis bien contraindrait une grande partie de ces ronds-de-cuir à émigrer pour se mettre au service des contre-pouvoirs régionaux. Le projet de constitution européenne, bien qu'encore beaucoup trop timide, présente l'avantage de tenir compte des États régionaux, existant déjà comme niveaux intermédaires entre États et communes, et de laisser la porte ouverte à la naissance d'autres autonomies. L'art. I-5 § 1 rappelle "l'autonomie locale et régionale", et l'art. III-386 institue un Comité des régions. D'autre part, les stipulations relatives aux langues permettent aux ressortissants de certaines minorités linguistiques de contourner les restrictions centralistes de leurs États. Ainsi, le citoyen français ou italien de langue allemande (Alsace-Lorraine, Haut-Adige) et le citoyen autrichien ou italien de langue slovène (Carinthie, Frioul-Vénétie Julienne) ne peuvent toujours pas s'adresser en leur langue propre à leur État respectif, mais ils peuvent le faire à l'égard des institutions européennes (art. I-10 § 2 du projet de constitution), puisque celles-ci reconnaissent l'allemand et le slovène. À cet égard, d'autres communautés linguistiques de l'U.E. sont discriminées, notamment la catalane qui compte pourtant quelque 8 millions de personnes.
 
Le fédéralisme, c'est bien autre chose que la très timide décentralisation française qui laisse à Paris une pléthore de fonctionnaires
 
Nous ne sommes pas Américains...
 
Le fédéralisme est commun aux quatre États européens mentionnés ci-dessus et à la superpuissance américaine qui se nomme justement États-Unis. Mais ce pays, dont les fondateurs se réclamaient expressément des Lumières, se différencie de notre Europe par des divergences qui s'accentuent depuis la fin du siècle dernier. Sa vie politique est de plus en plus influencée par les religions, alors que chez nous se manifeste la tendance contraire. Dans "Le christianisme en accusation", petit livre à lire et à relire (éd. Desclée de Brouwer), l'auteur, l'historien catholique René Rémond, de l'Académie française, écrit: "Cette période se caractérise par l'émergence d'une revendication d'autonomie personnelle qui va s'affirmer de plus en plus fortement. En d'autres termes, nos contemporains n'acceptent plus que le comportement individuel, en ce qu'il a de vraiment personnel, de plus intime, soit défini et régi par des autorités extérieures, que ce soit le magistère de l'Église ou l'autorité de l'État, et par la loi (...). La société en est ainsi venue à tolérer des comportements jadis considérés comme déviants. L'Église ne voit pas de raison de modifier son jugement et continue de rappeler ses propres principes" (p. 30). C'est ce décalage qui a provoqué l'affaire Rocco Buttiglione, ce ministre italien, candidat au poste de commissaire européen, qui, répondant aux questions des parlementaires européens, a défini l'homosexualité un péché ("It's a sin"). L'on a estimé qu'il avait parfaitement le droit de s'exprimer ainsi en tant que citoyen, mais que dans sa fonction il devait faire abstraction de ses convictions religieuses. Les groupes du Parlement européen ont donc fait pression avec succès sur l'Italie pour obtenir le remplacement de Buttiglione par un autre. Au même moment, aux États-Unis, la mobilisation massive d'une "majorité morale" expressément hostile à la reconnaissance légale de l'homosexualité a entraîné le renouvellement du mandat présidentiel de George W. Bush, malgré sa politique sociale qui se distinguait surtout par des cadeaux fiscaux aux plus riches. Il devient de plus en plus clair que nous sommes séparés des États-Unis par bien plus qu'un simple océan. Il est temps d'en prendre conscience pour renforcer notre Europe une et multiple en permettant à ses mille fleurs, dont la Savoie, de s'épanouir, chacune selon son propre vouloir-vivre, dans un cadre plus vaste à la mesure de notre siècle.
 
Il devient de plus en plus clair que nous sommes séparés des États-Unis par bien plus qu'un simple océan
 
G. S-C.