logosav2.jpg (8991 octets)
N° 8
OCTOBRE  2005
 
10e. Congrès de la Ligue savoisienne
L'affaire des zones franches: aux sources du droit.
Ontario: la charia n'est pas passée!
La vie de Joseph de Maistre. Livre V: J. de Maistre en Russie
La vie de Joseph de Maistre. Parutions récentes.
Les bons souvenirs du Club Alpin Savoisien.
Les Shadoks veulent pomper à Courchevel.
Tyrol du Sud: il faudra payer pour franchir les cols.
L'ombre du lac.
Le risque nucléaire concerne aussi la Savoie.
Libérer sa voie? La France malade
La Slovénie, un encouragement pour la Savoie.

 

Pour "entendre parler", il faut aller au: 10e. Congrès
de la Ligue savoisienne
 
5 et 6 novembre 2005 à Doussard (province du Genevois)
 
C'est au cours de l'année 1995 que la Ligue savoisienne a tenu ses premières conférences publiques et réuni ses premiers adhérents. Son premier Congrès réunit un millier de participants à Albertville le 26 mai 1996. Dès le début, les détracteurs ne manquèrent pas pour annoncer la disparition prochaine de la Ligue et de l'idée même d'émancipation de la Savoie. Pourtant, la Ligue est toujours là et réunit des forces toujours plus qualifiées et plus déterminées. Ne manquez pas le dixième Congrès (ouvert au public: conférences, débats, banquet, animations).
Renseignements, organisation: 04 50 09 87 13
 
L'affaire des zones franches: aux sources du droit.
Après la publication, dans notre n°7, de l'article "L'affaire des zones franches de Savoie monte en cassation", plusieurs lecteurs nous ont demandé comment ils pourraient se procurer le texte de l'arrêt du 7 juin 1932 de la Cour Permanente de Justice Internationale, qui régit encore aujourd'hui le régime des zones.
C'est très simple: la Cour Internationale de Justice, qui a remplacé la CPJI en 1946 et siège à la Haye comme elle, est gardienne des archives de la Cour à laquelle elle a succédé. Tous les actes officiels de la CPJI sont accessibles par internet sur le site de la CIJ. Il suffit donc d'entrer sur le site:
www.icj-cij.org
et de cliquer, en bas et à droite de la page d'accueil, sur l'entrée:
Publications de la Cour permanente de Justice internationale (1922-1946)
L'arrêt de 1932 se trouve dans la série A/B au numéro 46. Le document pèse 8,3 Mo et se télécharge en une minute si vous avez une connexion ADSL. Vous pouvez alors le lire en français et en anglais, les deux textes étant présentés en vis-à-vis. Il est précisé qu'en cas d'incertitude le texte français fait foi.
D'autres documents sont proposés dans la série A au numéro 22.
Avis aux juristes et amateurs de droit international.
 
 
Ontario: la charia n'est pas passée!
Le Savoisien (n°3, puis n°6) avait donné quelques informations sur un projet qui faisait débat dans la province canadienne de l'Ontario ainsi de dans la province voisine du Québec: la mise en place de tribunaux musulmans habilités à juger les litiges familiaux selon la loi de l'islam.
Ce débat est désormais clos. En effet le Premier Ministre de l'Ontario, Dalton Mac Guinty, a tranché, déclarant le 11 septembre dernier: "J'en suis venu à la conclusion que le débat a assez duré. Il n'y aura pas de charia en Ontario".
Du coup, les tribunaux d'arbitrage pour les catholiques et les juifs, habilités par la loi depuis 1991, cesseront d'exister. Le Premier Ministre a conclu: "Il n'y aura pas d'arbitrage religieux en Ontario. Il y aura une loi pour tous les Ontariens".
 
 
 
La vie de Joseph de Maistre.
(Suite du récit tiré de la biographie de Joseph de Maistre par François Vermale, parue en 1927 dans les Mémoires et Documents de la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie.)
Résumé de l'épisode précédent:
Réfugié à Turin, Joseph de Maistre, toujours soupçonné de jacobinisme, ne parvient pas à obtenir un poste au service du Roi. Fin 1798, les Français annexent le Piémont; il fuit à Venise. Après un séjour en Toscane, il est nommé chef de la Justice royale en Sardaigne, où il exerce sa charge avec probité de 1800 à 1803. Le nouveau roi Victor-Emmanuel 1er, abandonné par presque toute sa Cour, nomme Joseph de Maistre en mission à Petersbourg. Il se met en chemin et séjourne à Naples, puis à Rome
illustration: (reprise de Écho de Savoie n°75): Chambéry, statues de Joseph et Xavier de Maistre.
Livre V: J. de Maistre en Russie (1803-1817).
Chapitre I: La leçon au Tzar.
Sous l'ancien régime, le titre d'ambassadeur ou d'envoyé extraordinaire était toujours lié à l'idée de faste, d'apparat, de luxe. J. de Maistre partant pour la Russie n'avait aucune de ces apparences d'autrefois. Son Roi, auquel la Révolution triomphante n'avait laissé la possession que de la petite île de Sardaigne, était un roi presque sans couronne et sans revenus. Dans cette détresse, le plus clair des revenus de Victor-Emmanuel Ier consistait dans l'argent qui parvenait de Londres et surtout de Saint-Petersbourg. Si J. de Maistre était envoyé en Russie, ce n'était pas pour faire de la grande politique, mais pour tâcher de soutirer au Trésor russe quelque argent. Subsidiairement, il devait assurer l'intervention du Tzar afin qu'une compensation sur le continent fût accordée au roi de Sardaigne, pour la perte de ses provinces du Piémont. Victor-Emmanuel se serait fort accommodé du territoire de la république de Gênes. Mais il fallait d'abord vivre. Le principal dans cette mission était d'obtenir la continuation du subside moscovite.
Le chargé de mission extraordinaire (il n'avait pas le titre d'ambassadeur) se mit donc modestement en route. Il partit sans secrétaire, rien qu'avec un domestique. Le Roi lui avait donné une de ses voitures. J. de Maistre s'était habillé à ses frais. Tandis qu'il servirait en Russie, Victor-Emmanuel s'était engagé à assurer une pension à Mme. de Maistre qui, avec ses enfants, résiderait soit à Turin, soit en Savoie. Quant à lui, il devait vivre d'abord avec les 5303 livres de son bien qu'il emportait avec lui. Le 10 mars 1803, J. de Maistre écrivait à sa fille Adèle: "Le Roi est dans des circonstances bien difficiles; mais il fait pour moi et ma famille tout ce qu'il peut faire: ainsi nous n'avons qu'à remercier et attendre en paix l'avenir. Je me garde bien de te dire que je suis content ou du moins heureux,, malgré ma destination si brillante. Pour être heureux, il faudrait que ma famille fût autour de moi; mais c'est précisément cette tendresse qui me donne des forces pour m'éloigner de vous. C'est pour vous que je ma passe de vous".
Parti le 20 avril 1803 de Rome où Victor-Emmanuel résidait, J. de Maistre arriva, après s'être arrêté à Vienne, le 1er. mai à Saint-Petersbourg. Il lui restait 5134 livres en poche. Le 5, il avait sa première audience avec le comte Woronzow, chancelier de l'Empire; le 9, avec le prince Czartoriski, adjoint au chancelier. Le 14, il était présenté à l'Empereur et à l'Impératrice. Le 17, à S.M. l'Impératrice-mère et aux deux archiduchesses. Enorgueilli, J. de Maistre marquait sur ses Carnets: "En moins de trois mois, j'ai été présenté au Pape, à l'Empereur d'Allemagne et à l'Empereur de Russie. C'est beaucoup pour un Allobroge, qui devait mourir attaché à son rocher comme une huître".
Le 26 juin 1803, J. de Maistre assiste pour la première fois à un dîner diplomatique. Ce fut chez le comte de Stedding, ambassadeur de Suède, avec qui "il eut une conversation très intéressante sur les affaires du roi et sur sa propre position". La Suède, par son roi, était le champion le plus fidèle de la cause des monarques dépossédés. Le lendemain, il revoyait le prince Czartoriski qui, le 4 août, l'appelait en audience particulière dans laquelle, pour la première fois, il dit "des choses très flatteuses sur le compte de S.M. le Roi de Sardaigne et sur celui de son Envoyé extraordinaire".
Ces premiers mois de Petersbourg, J. de Maistre les passa dans la compagnie de son frère Xavier. Celui-ci avait eu des aventures extraordinaires. Envoyé en mission par l'état-major sarde près l'armée du général Souvaroff, il avait suivi la dite armée retournant en Russie, et ce, sans l'autorisation de son Roi. Sur quoi il fut traité de déserteur dans l'entourage du roi de Sardaigne. Après la disgrâce de Souvaroff, Xavier s'était trouvé sans emploi et sans ressource; alors il s'était mis à peindre des portraits à l'huile. Il n'avait pas tardé à devenir un peintre à la mode. Depuis, il vivait à Moscou, sous la protection de la princesse Anna-Petrowna Schakowskoï, gagnant une moyenne de 5 louis par jour, et menant grand train.
***
Dès le mois de décembre 1803, J. de Maistre intervenait auprès de M. le comte de Goltz, ambassadeur de Prusse à Saint-Petersbourg, afin d'obtenir un subside de Berlin pour Victor-Emmanuel. Dans ce même mois, il entrait en conversation diplomatique avec l'ambassadeur d'Angleterre. Il était, de plus, reçu officiellement par l'Empereur et l'Impératrice de Russie.
Très rapidement donc, J. de Maistre s'était, comme nous dirions aujourd'hui, débrouillé. Il avait été aidé beaucoup à ce point de vue par le duc de Serra Capriola, ambassadeur des Bourbons de Naples en Russie, lequel avait, par son mariage avec une princesse russe, une grosse situation à Petersbourg. Mais cela n'aurait pas suffi. Appliquant une méthode qu'il avait déjà employée à Lausanne où il était devenu intime avec M. de Trevor, l'ambassadeur anglais à Turin, comme avec M. Wickam, l'ambassadeur anglais à Berne, il n'eut à Petersbourg de cesse avant qu'il ne soit rentré dans l'intimité de l'ambassadeur anglais. En juillet 1804, nous trouvons J. de Maistre installé à la campagne chez sir Waren, qui avait un domaine sur la route de Cronstadt.
Comment J. de Maistre était-il arrivé à un tel résultat? Il ne l'avait pu ni par le faste, ni par la religion, ni par les bons dîners, étant donnée l'impossibilité absolue où il était de ne vivre autrement qu'en pratiquant la plus stricte économie. Fin psychologue, J. de Maistre, qui pratiquait cette galanterie dont pouvait se targuer "tout homme comme il faut qui avait appris le français il y avait plus de vingt ans", démêla que le véritable ambassadeur n'était pas cet amiral anglais, mais sa femme. Il démêla encore que Milady, comme il l'appelait, avait une âme froissée et dolente, qu'elle n'était pas heureuse. Il ne tarda pas à se poser en sigisbée.
Lorsqu'en août 1804 sir Waren fut rappelé à Londres, J. de Maistre écrira: "Son départ est une très grande perte pour moi. C'est une excellente maison qui m'était ouverte et qui se ferme pour moi. Ses bons offices, son amitié et celle de Milady m'ont été ici fort utiles d'une manière indirecte, car tout se tient dans le monde. C'est à cette dame, par exemple, que je dois la connaissance du Ministre de la Marine, M. l'amiral Tchitchagof... Milady en partant me fait héritier de ses livres. Je la regrette plus que je ne puis vous le dire. Elle a 42 ans".
Chez l'ambassadeur anglais, en effet, fréquentait de façon suivie l'amiral Tchitchagof, familier du Tzar et fils d'un amiral russe célèbre au temps de Catherine II. Tchitchagof avait été élevé en Angleterre et avait épousé la fille d'un amiral anglais. Quand le couple Waren se fut éloigné de Petersbourg, c'est sur la maison Tchitchagof que J. de Maistre dirigea son emprise. De Mme. Tchitchagof il écrira: "Elle a de l'esprit, du sens, de l'instruction, de la morale surtout et c'est une excellente épouse comme toutes les Anglaises, quand elles s'en mêlent". Comme Tchitchagof aimait sa femme éperdument, J. de Maistre confesse qu'il lui a fait sa cour avec assez d'assiduité. Il réussit au point "d'y souper tous les dimanches. C'est le jour de la Bible, où les Anglaises ne reçoivent pas les parents ni les amis". "Souvent, rapporte-t-il, je me suis trouvé en tête-à-tête lorsque le ministre est absent. Elle a l'air d'une colombe et je ne connais rien de si fin et de si décidé et de si difficile à saisir".
Quoi qu'il en soit, J. de Maistre avait raison d'écrire, dès avril 1804: "J'ai quelques bons amis". Aussi fit-il savoir à Rome que Victor-Emmanuel était trop éloigné de ce milieu russe pour lui donner des directives. Il revendiquait pour lui toutes les responsabilités de la politique qu'il pratiquait: "Un chasseur qui écrirait chez lui pour savoir s'il faut tirer le gibier qui passe à tire d'aile serait moins risible que moi si j'attendais, pour présenter mes notes, des instructions de Rome ou de Londres".
***
Quand J. de Maistre arriva en Russie, il avait 50 ans. Alexandre Ier n'en avait que 26. Ce jeune Tzar, d'allure simple et d'abord affable, arrêta un jour J. de Maistre dans la rue, pour lui demander de ses nouvelles et le complimenter sur son acclimatation rapide. À ce geste il est facile de juger du goût démocratique de cet autocrate, qui affectait d'ailleurs de poser au républicain plutôt qu'à l'Empereur, et dont l'ambition secrète était, à certains jours, de ressembler à un Président de la République des États-Unis. Cette mentalité républicaine, il la devait au colonel suisse La Harpe, qui avait été son précepteur. Si, plus tard, Alexandre accentua ses tendances au soupçon et à la fourberie, au début de son règne il donnait l'impression d'être confiant. C'était une séduction de plus ajoutée aux qualités de séduction naturelle qu'il avait en lui. Il était beau physiquement, et sa jeunesse conquérait les cœurs. L' "Ange du Nord", comme on a appelé Alexandre, séduisit littéralement J. de Maistre et dissipa ses appréhensions premières à l'égard de cet Empereur qui devait sa couronne à un crime de palais, presque à un parricide.
En Russie, J. de Maistre avait été précédé par la réputation d'écrivain politique qu'il avait acquise depuis le succès des "Considérations sur la France". Le premier, du côté des émigrés, il avait oser montrer la force de la Révolution, et cependant affirmer que cette force ne construirait rien de stable. La Révolution serait un jour vaincue, mais quand? Les victoires de Souvaroff avaient jeté sur les armées russes un lustre considérable. Grâce à elles, pour la première fois, les généraux français avaient connu la défaite et la nécessité de reculer. La force russe était une force immense, c'est elle qui devait fatalement l'emporter. J. de Maistre, en 1803, ne doutait pas de sa victoire. Il fit crédit à la jeunesse du Tzar et de ses jeunes conseillers. Avec eux, il se déclara Européen, se grisa d'optimisme et travailla au plan "secretissime" de reconstruction de l'Europe élaboré par le prince Czartoriski, chancelier secret de l'Empire. Il ne tarda pas d'ailleurs à s'apercevoir que le cabinet noir de la chancellerie russe était particulièrement friand de la lecture de lettres qu'il adressait soit au roi de Sardaigne, soit au chevalier Rossi, son secrétaire d'État. J. de Maistre ne changea pas son "chiffre" qu'il savait connu. Il trouva que c'était une voie commode de faire parvenir ses conseils approbatifs ou critiques jusqu'à son grand ami Alexandre. De cette méthode, il en usera de façon constante au cours des années difficiles, de 1805 à 1814. (...)
***
Pour le ministre de Sardaigne, les Bourbons de France ne sont pas capables de rétablir eux-mêmes leur puissance. Ils n'ont pas la main assez ferme et assez dure pour exécuter cet ouvrage. Ce sera l'œuvre d'un usurpateur de génie: "Laissez faire Napoléon, laissez-le frapper les Français avec une verge de fer, laissez-le emprisonner, fusiller, déporter tout ce qui lui fait ombrage". Laissez-le rétablir la noblesse, détruire la République, détruire l'égalité. Ce faisant, il travaille pour le retour des Bourbons. Ce sera sa mission. a conclusion est très ferme: Bonaparte n'est qu'un champignon impérial, il ne peut durer, et J. de Maistre le démontre en se basant sur les données d'une politique qu'il appelle "expérimentale", parce qu'elle est basée sur l'étude de l'histoire. Il n'y a pas, en effet, d'exemple historique qu'un simple particulier, monté au rang suprême, ait commencé une dynastie royale. Charlemagne était Pépin; Hugues Capet, qui remplaça les Carolingiens, était duc de Paris. Les Stuart furent renversés par un prince. Cromwell, qui était dans le cas de Napoléon, n'a pas fondé une race. Il en sera de même de Bonaparte. C'était là des vues originales et nouvelles. J. de Maistre croyait que le monde politique et social était régi par des lois comme le monde physique. Cette conception, Auguste Comte devait la vulgariser au 19e. siècle.
La proclamation de l'Empire français est donc pour J. de Maistre un événement capital. Elle marque l'arrêt de la Révolution, c'est-à-dire de l'esprit de révolte contre les souverains. Mais l'Empire, ce n'est pas la paix. Ce pourrait bien être, au contraire, le commencement de "l'Ère de Tamerlan", c'est-à-dire le déchaînement de l'esprit de conquête. L'ordre des souverainetés européennes risque d'être bouleversé encore davantage. Le problème pour la Russie reste le même. Si elle veut rétablir l'équilibre européen, elle doit se préparer à la guerre.
***
Les conseils de J. de Maistre eurent un grand succès dans l'entourage d'Alexandre Ier. Dès la fin de l'année 1804, il fréquente chez deux des triumvirs, le comte Kotchubey et le comte Strogonof; de plus, il est lié intimement avec l'amiral Tchitchagof, ministre de la marine. "Toutes ces connaissances, comme il l'écrivait, sont fort essentielles, parce qu'en leur parlant, c'est comme si je parlais plus haut". La faveur dont jouit J. de Maistre fut rapidement si marquée, qu'il ne tarda pas à être admis dans le secret du Tzar parmi les diplomates employés de façon occulte. Le 11 janvier 1805, J. de Maistre l'avoue par une des notes de ses Carnets: "Mon Mémoire politique sur l'Italie, la maison d'Autriche, celle de Savoie, etc., a été communiqué par une main amie, hors la voie officielle"; J. de Maistre en tire quelque vanité; aussi note-t-il: "Janvier 1805. — Époque remarquable de ma vie".
Le Tzar remercia J. de Maistre de sa collaboration secrète, en nommant Xavier de Maistre au grade de lieutenant-colonel dans l'armée russe, avec le poste de directeur de tous les établissements scientifiques dépendant de l'amirauté russe. Pour lui prouver encore sa satisfaction, il accorda des gratifications aux officiers piémontais entrés au service de la Russie.
***
Dans le Mémoire sur l'Italie, l'Autriche, etc., que J. de Maistre venait de communiquer, il démontrait que la guerre contre la France s'imposait au nom de l'équilibre européen. Mais cette guerre ne devait avoir qu'un but: contraindre la France à rentrer dans ses anciennes limites territoriales. L'erreur des précédentes coalitions européennes contre la Révolution avait été d'avoir voulu démembrer la France. Or cette nation, comme toute sles nations chrétiennes, a droit à l'existence; vouloir la détruire est contraire à l'ordre européen, c'est-à-dire chrétien. Les nouveaux coalisés devront prendre comme exemple Guillaume d'Orange dans sa lutte contre Louis XIV, et subir la direction de la Russie. Seul cet Empire est assez désintéressé pour reconstruire l'Europe. L'Autriche est trop perfide, trop égoïste, trop avide d'agrandissements pour assumer la direction de la coalition nouvelle. Elle n'a cessé depuis 1792 de trahir l'Europe. La Russie, comme elle l'avait démontré déjà avec Paul Ier et Souvaroff, était seule capable de vues nobles et élevées en politique.
Cette haine de l'Autriche fit particulièrement apprécier J. de Maistre par le prince Czartoriski, le triumvir le plus influent de l'entourage d'Alexandre Ier.
Quant au rôle d'arbitre justicier entre les souverainetés européennes, le chevalier du droit et de la paix que J. de Maistre réservait au Tzar, il était fait pour plaire à l'imagination d'Alexandre Ier. Quand en 1814-1815 il se complut dans ce rôle avec faste, le Tzar ne réalisait en somme qu'un rêve de jeunesse! En attendant, dans son Mémoire, J. de Maistre savait habilement griser le jeune Alexandre à l'aide de comparaisons historiques flatteuses.
À la veille d'Austerlitz, il n'hésitait pas à écrire: "L'excellent Alexandre fait mouvoir 200.000 hommes, il marche lui-même au premier jour. Ses flottes contiennent ses opérations de terre, il réunit les volontés divergentes, il se rend le Godefroy de cette nouvelle croisade. Tout cœur européen doit un hommage d'admiration, de tendresse et de reconnaissance à ce jeune souverain, l'exemple et le défenseur de tous les autres".
***
La première rencontre sur un champ de bataille entre Napoléon et Alexandre fut pour ce dernier un désastre: ce fut Austerlitz. Le Godefroy de Bouillon de cette nouvelle croisade y perdit tout prestige militaire. Le jour d'Austerlitz, Alexandre et son entourage, trompés par un succès d'avant-garde qu'ils avaient obtenu la veille, crurent que Napoléon était dans une situation aventurée. Contrairement à l'avis du maréchal Koutousoff, lequel conseillait d'attendre l'arrivée de renforts avant d'engager l'action, les Russes livrèrent combat en suivant les directives du chef d'état-major de l'armée autrichienne. Les soldats russes, qui n'avaient pas mangé depuis quarante-huit heures, se firent massacrer inutilement. Quant à Alexandre, qui commandait en personne, il fut pris de panique. C'était la première fois qu'il assistait à une vraie bataille. Jusque là il s'était abruti, comme tout prince allemand qui se respecte, à faire manœuvrer des régiments et à passer, ce qui horripilait J. de Maistre, des revues.
Il s'était cru un foudre de guerre parce qu'il avait remporté des victoires sur le terrain truqué d'une manœuvre d'état-major. Le jour de la bataille pour de bon, il dut déchanter. Alors, affolé, il perdit tout son sang-froid et s'enfuit: "Mauvais cavalier, il fut longtemps arrêté par un fossé et, quand il réussit à franchir cet obstacle, ses forces l'abandonnèrent. Il dut mettre pied à terre, il s'affaissa au pied d'un arbre, et se couvrant la figure avec un mouchoir, il pleura". Fait plus grave encore: Alexandre Ier, avant de s'enfuir, avait donné l'ordre aux troupes russes de se retirer. La retraite devint alors déroute.
(à suivre...)
 
 
Parutions récentes.
Joseph de Maistre semble sortir peu à peu de l'oubli dans lequel son illustre figure était tombée.
En 2004 est paru, aux éditions Le Félin, un "Joseph de Maistre", biographie composée en 1960 par François Vermale (dont nous publions en extraits l'ouvrage de 1927) et son ami Claude Boncompain (18,90€).
En 2005, l'éditeur lausannois L'Âge d'Homme a publié un épais "Dossier H, Joseph de Maistre", de 878 pages, conçu et dirigé par Philippe Barthelet (59€).
 
 
 
 
Les bons souvenirs du Club Alpin Savoisien.
 
8-01.jpg (10438 octets) 8-02.jpg (12993 octets)
Une petite pause avant d’attaquer le sommet
de la Pointe du Replan (Roc d’Enfer).
Le CASE (Club Alpin Savoisien) au sommet
de Pacally, au fond le Trou de la Mouche.
8-03.jpg (6876 octets) 8-04.jpg (7706 octets)
Dans la poudreuse de Pacally.
Au col sous la Pointe du Midi, un peu
d’appréhension avant la descente de
la Combe Sauvage...
 
 
 
 
 
Les Shadoks veulent pomper à Courchevel.
Sous-ensemble oriental de l'immense espace des Trois Vallées et fleuron de la Tarentaise, Courchevel est une des plus prestigieuses stations de ski du monde. Son avenir est toutefois menacé par des facteurs naturels contraignants: manque d'eau potable, baisse de l'enneigement même à haute altitude, rareté de la ressource en eau pour l'enneigement artificiel. Avec beaucoup d'argent, la S3V (Société des Trois Vallées, concessionnaire des remontées mécaniques) espère consolider l'intense brassage financier que permet la notoriété de la station.
L'eau potable manque? Qu'à cela ne tienne, la commune de Courchevel (anciennement Saint-Bon Tarentaise, cela faisait un peu plouc...) veut ouvrir dans son PLU (Plan Local d'Urbanisme) de nouvelles zones à la construction de chalets de luxe. Pour cela, elle a besoin d'augmenter sa ressource en eau potable. C'est donc main dans la main avec la municipalité que la S3V pousse à grande vitesse un projet ambitieux: pomper dans un torrent de Bozel, la vallée non touristique adjacente, 900 mètres cubes d'eau par heure pour les utiliser à Courchevel, aussi bien comme eau potable qu'en alimentation des canons à neige. Pour que le système fonctionne, compte tenu de la brièveté des périodes propices à l'enneigement artificiel, il faut un bassin de stockage supplémentaire de 125 000 mètres cubes. Le projet comporte donc trois chantiers:
— un lac collinaire de 2 hectares sur l'alpage de l'Ariondaz à Moriond (Courchevel 1650);
— une conduite de 4 km de refoulement à partir d'une prise d'eau dans la vallée de Bozel;
— une conduite de 4 km pour déverser l'eau de l'Ariondaz dans le lac du Biolley, sur Courchevel 1850.
Le document conjoint "Mairie-S3V" ne mentionne même pas que les vaches seront expulsées de 2 hectares d'alpage: ces ruminants ne se voient pas en hiver, et leurs bergers ont le bon goût de se cacher, en saison, dans leurs antiques fermes savoyardes à petites fenêtres...
La présentation du projet est signée par Claude Faure, qui fut longtemps Directeur des services du Conseil général de la Savoie, et préside depuis quelques années la S3V: un emblème vivant de l'économie mixte...
Monsieur Faure, si pressé de réaliser son installation de pompage et de stockage d'eau, n'indique pas pour combien d'années le système suffira aux besoins de la station. Si l'évolution climatique et l'expansion immobilière continuent dans le même sens, il y a de quoi être très inquiet sur l'avenir des montagnes de Savoie.
 
 
 
 
Tyrol du Sud: il faudra payer pour franchir les cols.
Dès l'année prochaine, il faudra s'acquitter d'une taxe pour passer certains cols du Tyrol du Sud. C'est ce qu'a décidé le gouvernement de la province le 29 août, à Bolzano. Le concept d'introduction des taxes aux cols a été approuvé à la demande du Landesrat (député provincial) Florian Mussner.
Les premières routes concernées seront celles des cols du Timmelsjoch et du Stelvio. On envisage également de faire passer à la caisse les conducteurs de voitures et de motos qui franchiront le Stallersattel. Du côté autrichien de la route du Timmelsjoch, au Tyrol, une taxe de 10 euros par voiture et de 8 euros par moto est déjà prélevée, ce qui a simplifié la décision du Tyrol du Sud, précise le gouverneur de la province, Luis Durnwalder. Une taxe commune avec l'Autriche est d'ailleurs prévue. Il en va tout autrement au col du Stelvio qui mène à la province voisine de Lombardie. Du côté lombard, les oppositions et les interrogations soulevées par la décision du Tyrol du Sud sont encore nombreuses. Le Tyrol du Sud poursuit également ses négociations avec les provinces voisines de Belluno et de Trente afin d'introduire éventuellement une taxe sur les routes des cols des Dolomites.
Pour concrétiser le principe de cette taxe, il faut encore définir le lieu de perception et le montant à prélever. Ces décisions doivent être discutées avec les communes concernées. On prévoit un montant allant de 10 à 15 euros par trajet et les motos devront probablement débourser un peu moins que les voitures.
A ce jour, une taxe classique pour les grands cols alpins n'existe qu'en Autriche. Pour emprunter la route du Grossglockner, un automobiliste doit payer jusqu'à 26 euros. Ce type de taxe à payer aux cols est encore largement inconnu dans les autres pays alpins. Toutefois, il est courant à de nombreux endroits de s'acquitter d'une taxe pour passer un tunnel.
source:
alpMedia
Im Bretscha 22
Postfach 142
FL-9494 Schaan
www.alpmedia.net
 
 
 
 
 
L'ombre du lac.
Un roman chablaisien et catalan de Vincent Perez:
 
8-06.jpg (6338 octets) 8-05.jpg (6464 octets)
Vincent Perez a dédicacé son livre dans une rue de
Thonon le 22 juillet
 
Comment réunir, dans un même roman historique, la Savoie et la Catalogne? C'est un étonnant défi que relève avec succès Vincent Perez, comme s'il s'acquittait d'une dette envers les deux pays qui ont inspiré le parcours de sa vie. Né à Tarragona en Catalogne, l'auteur s'est exilé très jeune au moment de l'instauration de la dictature franquiste. Devenu professeur, il s'installait à Thonon, où il a enseigné prendant 30 ans l'espagnol (plus exactement le castillan, car la langue catalane ne figure pas au programme des lycées français). Époux d'une Chablaisienne, il vit aujourd'hui en Catalogne nord, près de Perpignan.
Le personnage principal de L'Ombre du Lac est la ville de Thonon, plus précisément le port de Rives, ses pêcheurs, et le sombre château de Montjoux dont les murailles plongent dans les eaux alanguies du Léman. D'autres lieux prennent vie au fil de l'action: la ville haute, Ripaille, Coudrée...
Inquiétant et mystérieux, ce château lacustre de Montjoux, au fil de l'évocation romanesque! De pesants mystères le hantent au fil des siècles. La narration est ici à triple fond. En surface le Thonon d'aujourd'hui, lieu de vacances pour deux étudiants de Barcelone, un Thononais et un Catalan. Un manuscrit trouvé dans la bibliothèque du château fait l'essentiel du récit, avec pour toile de fond Thonon en 1742-1743, sous l'occupation espagnole. Il évoque aussi la génération précédente, la fraternité d'armes du vieux châtelain de Montjoux avec le père de l'auteur du manuscrit, deux nobles qui combattirent ensemble contre les Castillans pendant la guerre de succession d'Espagne (1701-1714) jusqu'à l'effondrement de l'État catalan.
L'Ombre du lac n'accable pas le lecteur avec une érudition historique. Vincent Perez est un romancier, il nous entraîne dans les rapports complexes qui se nouent entre ses personnages. Le principal d'entre eux est l'auteur du manuscrit de 1743, Guilhem de Riudebens. Il découvre l'étrange famille du comte de Lonnaz, châtelain de Montjoux: la comtesse Anne Hélène, passionnée malheureuse, la fille muette Alix, le fils Gaëtan, sans oublier les domestiques et le curé. Mais aussi, hors de la famille du comte, le pêcheur Michel Dubouloz, le rival François de Montferrat, les conjurés savoisiens qui résistent à l'occupant, le commandant de la garnison espagnole...
À travers une intrigue qui tient le lecteur en haleine jusqu'au bout, on perçoit la sensibilité de Vincent Perez, à la fois émerveillé et mal à l'aise dans cet univers savoisien qu'il découvre. Le paysage changeant du Léman, magnifiquement décrit, la rudesse du climat (pluie désespérante, neige, brouillard, nuages, chaleurs accablantes, tempêtes, bise qui transperce...) désorientent le bouillant Catalan tandis qu'il apprend à déchiffrer les mentalités complexes des taciturnes Chablaisiens.
L'Ombre du lac est une oeuvre singulière qui saura charmer bien des lecteurs en Savoie. Dans sa version originale en catalan, le roman a obtenu en 1990 le prix littééraire Fiter y Rossell institué par le gouvernement d'Andorre.
Vincent Perez, "L'Ombre du lac", Cap Béar Éditions (www.cap-bear-editions.com) 9€.
 
 
 
 
Le risque nucléaire concerne aussi la Savoie.
par Bertrand Lefebvre.
Nous n’avons pas de centrales, mais nous en partageons quand même les risques!
Les autorités françaises citent nommément la centrale du Bugey (Ain, environ 30km à l’est de Lyon) dans une note aux parents d’élèves des établissements scolaires de Savoie.
Cette note concerne l’utilisation de pastilles d’iode en cas d’accident nucléaire dans cette centrale. Les pastilles devraient être mises à disposition des chefs d’établissements suivant le plan de distribution de la commune pour les écoles, ou auprès des pharmacies hospitalières pour les établissements du second degré. Si l’on comprend bien la note, il semble qu’aucun stock ne soit disponible directement dans les écoles, mais qu’il y aurait une distribution en cas de problème.
Est jointe une "procédure" qui décrit les directives générales en cas d’accident, soit la "mise à l’abri", et la "prise d’iode" (extraite des recommandations et posologie de la notice du médicament).
Ainsi il aura fallu 27 ans avant que les "autorités" décrivent des mesures à prendre en cas de problème au Bugey! Rappelons en effet que cette centrale a été mise en service en 1978. L’État le plus nucléarisé au monde reconnaît implicitement que l’incident ou l’accident est possible.
 
La centrale du Bugey est déjà vétuste, et accumule les problèmes.
Régulièrement l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire), ainsi que la DRIRE Rhône-Alpes (Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement), épinglent la Direction de la centrale. Le rapport de synthèse souligne l’existence de "défaillances occasionnelles et d’un manque de transparence". Parmi les dysfonctionnement relevés: "une importante fuite détectée depuis Novembre 2003 et non réparée sept mois plus tard, des procédures erronées, incomplètes ou mal réalisées". Des informations erronées ou carrément non transmises aux services de contrôle; insuffisance d’effectif qui a contribué à un climat préjudiciable à la qualité des interventions; manque de rigueur dans le respect des règles en matière de radio-protection. La situation est telle que l’autorité de contrôle exige des "actions correctives dans un délai de deux mois". En marge de mouvements de grève, le 12 juin 2003, un acte de malveillance a entraîné l’arrêt d’urgence de la centrale. Il y a un an , un responsable de l’ASN soulignait en outre que le risque sismique avait été sous-évalué. Les associations écologistes s’inquiètent aussi de l’arrêté ministériel du 11 Juin 2004 qui autorise la centrale à dépasser les normes jusque là en vigueur du niveau des rejets thermiques (suite à la canicule de 2003). Le service de presse de la centrale répond qu’il tiendra compte des observations qui lui ont été faites et qu’un "processus correctif pour progresser" sera mis en œuvre…
 
La note aux parents, volontairement rassurante, a ceci d’ambigu qu’elle sous-entend que ces pastilles d’iode sont l’antidote miracle à un accident nucléaire. Qu’en est-il exactement?
8-08.jpg (5104 octets)
 
La boîte de 10 comprimés dosés à 130 mg d'iodure de potassium, vendue 6,15€ en pharmacie (sur commande), est produite par la Pharmacie centrale des armées à Orléans. Elle porte la mention "À NE PRENDRE QUE SUR INSTRUCTIONS DES AUTORITÉS COMPÉTENTES".
La directive est claire quant à l’administration des pastilles d’iode: il faut les prendre au bon moment! Ni trop tôt, ni trop tard: il faut attendre le signal des "autorités compétentes", l’idéal étant de les prendre, d’après la directive, "de 6 heures avant le passage du nuage (!!) jusqu’à 3 heures après". D’après le réseau SdN, c’est plutôt 1 à 3 heures AVANT le passage du nuage. Car l’action est préventive: la thyroïde se sature rapidement en iode et il n’y a plus guère de place pour l’iode radioactif, qui ne peut plus alors s’y concentrer. En Pologne, une mobilisation sans précédent des pouvoirs publics a permis l’administration à 10 millions d’enfants de 0 à 16 ans d’iodure de potassium dans les premiers jours après Tchernobyl. Il y a eu moins d’un cas sur 10 millions d’effets secondaires graves imputables à l’iode chez ces enfants. Pas mal pour un pays "en voie de développement"!
Selon les conclusions de l’OMS tirées de l’exemple polonais après Tchernobyl:
— Le niveau d’intervention pour les enfants de moins de 18 ans doit être abaissé à 10mGy (1 RAD), au lieu de 100mGy (10 RADS): c’est dix fois plus sévère que précédemment.
— Pour les adultes de plus de 40 ans la prise d’iode stable n’est pas utile, sauf si les niveaux d’iode radioactif sont très élevés. Les moins de 40 ans en prendront utilement, les femmes enceintes représentent un groupe à risque très menacé.
— L’OMS constate que peu de régions en Europe sont situées assez loin d’un réacteur nucléaire (…); l’OMS recommande que les plans d’intervention prévoient un stockage ou une distribution à domicile d’iode stable jusqu’à 500 km d’un réacteur. Ce qui veut donc dire que toute la population française est concernée, (et pas seulement les écoles!), ainsi que nos voisins proches…
 
Voulant en avoir le cœur net, habitant à environ 100km du Bugey, je suis allé à ma pharmacie à Novalaise; effet de surprise garanti, autant pour les clients présents que pour le personnel! L’apothicaire ne peut que me répondre par la négative: il n’a pas de pastilles d’iode, il ne sait pas comment s’en procurer! Mais, intéressé par ma requête originale il consulte son Vidal; une seule adresse: la pharmacie centrale des Armées. Il se souvient alors d’une collègue pharmacienne pas très loin de Creys-Malville qui "a dû faire un travail sur le sujet", et la joint au téléphone. Celle-ci lui répond qu’à sa connaissance seule la population dans un rayon de 20 à 30km autour d’une installation nucléaire est concernée, et peut disposer d’un stock gratuit de pastilles… Et pour les autres? Finalement, quelques jours plus tard mon pharmacien m’a dégotté une de ces précieuses boîtes, gratuitement! Donc c’est difficile mais pas impossible!
Je vous livre un extrait de la notice de l’antidote (terme officiel):
"Le risque de contamination de la thyroïde par l’iode radioactif est tel que les mesures de prévention sont d’autant plus indispensables que les sujets sont plus jeunes. Les femmes enceintes sont prioritaires, quel que soit l’âge de la grossesse. Le médicament doit être pris dès l’alerte donnée.
 
Les limites de la prophylaxie à l'iode stable.
Il faut absolument noter que, s’il est donc indispensable que chaque Français et chaque Savoyard ait de l’iode stable chez lui, ce produit ne protège nullement des autres radioéléments également présents dans un nuage radioactif, inhalés et ingérés en même temps que l’iode radioactif. Il s’agit essentiellement du Césium 137, dont la demi-vie est de près de trente ans, mais aussi du Strontium 90, du Ruthénium et d’autres, comme le Plutonium (demi-vie de plusieurs milliers d’années), "émetteur alpha" excessivement dangereux, qui peut sous forme d’aérosol à l’échelle du micron se loger dans les poumons et engendrer des foyers cancéreux dévastateurs.
En plus de l’administration d’iode stable, il faut se confiner chez soi pendant le passage du nuage (fermer les fenêtres, arrêter les systèmes de ventilation, ne pas sortir les enfants), en attendant une éventuelle évacuation.
Il faut aussi, et la directive scolaire ne le dit pas, s’abstenir de toute consommation de produits frais (lait et légumes verts) pendant environ six semaines. Il est également impératif de tenir les vaches laitières et tout le bétail à l’intérieur pendant six semaines, leur donner du foin ou de l’ensilage stocké à l’abri et récolté avant l’accident. Ces mesures ne prétendent pas tout régler, elles peuvent limiter les dégâts.
Français, Savoyards, Savoisiens, ayez confiance en nos "autorités compétentes", en EDF "qui a tout prévu"! Mais faites quand même vos stocks de pastilles, écoutez quand même Radio France Bleu Pays de Savoie (radio "agréée" en cas d’alerte), sachez quand même observer le sens des vents! Mais surtout priez pour que cela n’arrive jamais.
Source: Réseau Sortir du Nucléaire, lettres d’information n°14 (juillet 2001), n° 16 (Décembre 2001) et n° 26 (Février 2005).
B.L.
 
 
 
 
Libérer sa voie? Libérer la Savoie? Libérer Sa Voie!
Commencer par se libérer soi-même pour pouvoir libérer son pays, c’est le sens du message que nous adresse Michel Fontaine dans son ouvrage Libérer Sa Voie (à paraître) dont Le Savoisien publie de larges extraits.
Michel Fontaine, né en 1947, Docteur en Médecine, vit à Chamonix où il exerce la médecine générale depuis une vingtaine d’années après avoir consacré plus de dix ans à la recherche médicale en immunologie.
C’est de sa réflexion de chercheur, de praticien au contact des malades et de Savoisien passionné de montagne qu’il tire le message fort qu’il nous adresse aujourd’hui.
La France est atteinte d’une maladie mortelle sournoise qui agit à bas bruit: on peut la comparer à un cancer généralisé qui aurait dépassé le stade où un traitement pourrait être encore efficace. Elle est moribonde, mais elle ne le sait pas encore; elle est incapable de voir les signes évidents de sa maladie et de sa mort prochaine. La France ne sait pas voir sa maladie parce qu’elle est devenue cette maladie, parce qu’elle se confond avec elle. La Savoie, par contre, comme elle le signifie à travers l’émergence d’un mouvement autonomiste même très minoritaire, a encore la capacité d’un recul suffisant, d’une conscience d’elle-même et de la vie suffisante pour voir toute la gravité de cette atteinte. Pour se guérir de la contagion que la France lui impose certains de ses habitants sont prêts à faire le pari de la santé, de la vie, de son indépendance.
 
La France malade a triomphé de la France en bonne santé...
La France est coupée en deux. Une petite partie d’elle-même encore vivante et courageuse qui travaille dur et produit de la richesse directement ou indirectement, des idées, de la créativité, qui considère comme normal d’assumer les incertitudes et les risques inhérents à l’aventure de la vie. Cette France silencieuse, qui ne la ramène pas est malheureusement soumise et dominée par l’autre moitié surprotégée, privilégiée, à la grande gueule, qui contraint, qui épuise, qui tue, qui bouffe et dilapide sans aucune considération ni conscience de leur valeur la richesse et la vie produites par la première moitié. La première moitié est l’organisme encore sain qui cherche à vivre, à s’améliorer. La deuxième moitié représente son cancer qui a réussi à s’en faire tolérer et qui se développe sur son dos jusqu’à le tuer. Les signes d’une mort prochaine sont déjà bien visibles:
1. L’affaiblissement des notions d’identité nationale, d’identité individuelle et d’intérêt commun dans la société française résulte du fait que les êtres humains qui la composent ne peuvent plus se reconnaître collectivement dans les valeurs qu’elle incarne. Une grande majorité d’entre eux s’accroche désespérément aux anciennes valeurs officielles, devenues inefficaces en terme de vie, tandis que ceux qui ressentent ce qui est dans l’air savent bien que le temps de ces valeurs est fini et qu’il est nécessaire de trouver les suivantes. Ainsi, la France a "le derrière entre deux chaises" et elle n’a pas encore fait le choix de quitter l’ancienne qui s’effondre —au contraire elle s’y accroche de toutes ses forces— pour la nouvelle toute neuve dont elle veut nier la réalité. De cette incohérence, il résulte pour elle une perte de son axe directeur. Ainsi, il n’est plus possible pour la plupart des Français de se reconnaître en elle, dans son système devenu aberrant, dans son État devenu tyrannique, dans ses gouvernements totalement dépassés par les évènements, dans l’absence de modèle de développement pour l’être humain et dans le reniement de soi promu comme valeur collective.
2. La notion du "Soi" français, étendard en lequel tous les citoyens pouvaient se reconnaître et se fédérer, a disparu en raison du désaveu public par les "élites" suicidaires qui occupent le pouvoir de notions évidentes de bon sens telles que la préférence nationale pour l’attribution des emplois, l’acceptation d’étrangers sur le territoire national pour un contrat de travail (dans la mesure où ils vont répondre à des emplois que des citoyens français ne peuvent pas pourvoir par manque de qualification) et leur retour chez eux à la fin de leur contrat, une immigration parcimonieuse et discrète ne remettant pas en cause la notion d’identité nationale. En jetant l’anathème du racisme et de la culpabilité sur de telles valeurs d’importance vitale, ces manipulateurs de l’émotionnel collectif en interdisent toute utilisation juste, humaine, rationnelle et réfléchie dans la société française moribonde tandis que les pays en bonne santé les utilisent sans aucun cas de conscience comme allant de "Soi" et personne n’y trouve à redire. L’abandon de "Soi", de son identité par la France ne sera jamais une valeur de vie pour elle mais toujours un facteur de mort.
3. Devant la débâcle qui en résulte et l’inquiétude qu’elle suscite, les Français ne peuvent plus faire référence à leur collectivité et de ce fait se retournent vers des comportements de survie style "chacun pour soi". En conséquence, la France se retrouve fragmentée, éparpillée. Son éclatement en groupes manipulés, en lobbies, en corporatismes, voire en mafias signifie sa perte d’identité, son incohérence en terme de vie, d’adaptation à la réalité, et à fortiori son incapacité à évoluer. Elle est partagée en groupes de pression qui n’exercent plus leurs pouvoirs respectifs dans le sens de l’intérêt de l’ensemble, mais dans le sens de leurs intérêts propres au détriment de l’ensemble. Ce "chacun pour soi" sur le dos de tous signifie "débandade générale", "sauve qui peut" en catastrophe et dislocation de l’ensemble. Donc la France meurt...
Seule la Démocratie directe (1), en redonnant la parole à chacun dans tous les secteurs de la vie de sa société, permettrait peut-être, s’il est encore temps, de dégager des orientations et des consensus généraux court-circuitant les clivages partisans, les partis politiques, les lobbies, l’administration, les syndicats, les "grosses têtes", qui auraient peut-être une chance de faire sens en terme de vie et d’ouvrir de bonnes portes. Ce serait la seule façon démocratique, incontestable et non-violente de laisser sur la touche tous les systèmes qui paralysent et tuent la société française, qui fabriquent et développent son cancer, qui sont son cancer.
 
La France d’aujourd’hui est sortie du chemin de la Vie...
En attendant, les Français subissent de plein fouet la pression de ce courant de mort que leur impose leur société. Ils sont vampirisés dans leur vitalité, leur énergie leur est volée par ce gouffre sans fond de pompage financier, de gabegie, de détournements de richesses, d’électoralisme, de clientélisme, de corruption, de désinformation, de manipulation, de mensonge, d’infantilisme, d’irresponsabilité, de non-respect d’eux-mêmes, de réglementation outrancière et absurde, d’incohérence, de tristesse. Ils sentent bien que leur société a complètement perdu la notion de leurs intérêts d’individus et qu’elle ne leur propose plus qu’une vie d’esclaves modernes asservis à un non-sens collectif sans espoir. De ce fait ils perdent le sens de l’intérêt commun ce qui accélère le processus d’autodestruction de leur société.
Il suffit de porter son regard sur les grandes options politiques qui vont dans le sens du respect et de l’amplification de la qualité de la vie individuelle et collective pour prendre conscience du niveau où ces valeurs sont considérées en France et d’évaluer le retard pris en la matière.
Par exemple, entre le moment où il avait été suffisamment établi médicalement que l’amiante était un produit cancérigène, et le moment où l’État s’est enfin décidé à l’interdire dans la construction, il s’est écoulé une cinquantaine d’années.
En considérant que cette attitude irresponsable, suicidaire, meurtrière, prévaut encore dans tous les secteurs clés de la vie française où des changements connus positifs doivent se faire et ne se font toujours pas du fait de l’incurie des dirigeants, les Français sont en droit, ou plutôt en devoir vis à vis d’eux-mêmes et de leur pays, de leur demander des comptes, des réparations et de les amener à quitter le pouvoir.
Dr Michel Fontaine
 
(1) Pour qu’elle ait une chance de fonctionner, elle serait nécessairement associée à une information libératrice objective des citoyens qui les sortirait des conditionnements et de la subjectivité stérile de la période passée, pour solliciter leur conscience, leur réflexion logique et leur bon sens. Il est facile de mettre une majorité d’accord sur des faits que tout le monde sait vrais, non truqués. C’est la seule façon de mettre de côté les adhésions partisanes d’ordre émotionnel qui empêchent la prise en compte objective de la réalité nécessaire pour pouvoir proposer en retour l’action d’efficacité optimale sur elle.
 
 
 
 
La Slovénie, un encouragement pour la Savoie.
Du 9 au 15 mai 2005, un groupe de 40 Savoisiennes et Savoisiens a séjourné en Slovénie, jeune république d'Europe centrale, pour se rendre compte des conditions concrètes d'une indépendance acquise depuis seulement 14 ans.
La première partie du voyage avait aussi un caractère touristique, puisque le groupe séjournait à Portoroz, au bord de l'Adriatique. La Méditerranée, à son extrémité septentrionale, présente des golfes dont l'eau calme et changeante rappelle irrésistiblement la "mer savoisienne" du Léman. Une visite de la péninsule de Piran révélait la forte influence vénitienne qui marque le littoral slovène. Le tourisme, sur ces 45 km de côtes, a su éviter les dommages d'une massification à laquelle la Savoie n'a pas toujours su échapper. Les grands hôtels de l'époque yougoslave ont été rénovés et répondent parfaitement à la demande d'une clientèle internationale, friande de confort, de soleil et de bains (à la plage et aussi dans les installations thermales intérieures). La ville de Koper (Capodistria) est aussi d'architecture vénitienne. Elle s'est dotée d'un port de commerce qui contribue fortement au dynamisme économique de la Slovénie; il a dépassé en importance le port voisin de Trieste, en Italie.
photo 8-09:
photo 8-10:
8-09.jpg (7257 octets)
Le campanile de Koper,
de pur style vénitien.
Le port de commerce de
Koper.
8-10.jpg (6069 octets)
La question du logement.
Le revers de la médaille, dans cette ambiance de grande prospérité, c'est le logement, comme en Savoie. Les prix, d'abord très bas au début de l'indépendance (1991-1996) ont vite rejoint, puis dépassé, la moyenne européenne, alors que les salaires demeurent inférieurs de la moitié.
 
8-11.jpg (10677 octets)
Le littoral slovène:
l'immobilier est plus cher
que sur la côte d'azur!
 
Trois bonnes mesures politiques tempèrent toutefois la dureté du marché de l'immobilier:
1. Dès sa création, l'État slovène a vendu aux locataires, à bas prix, tous les logements qui appartenaient à l'État yougoslave: ainsi presque tous les Slovènes sont-ils propriétaires de leur appartement ou de leur maison. Des prêts bonifiés permettent de nouvelles acquisitions.
2. Il n'y a pas d'impôt successoral: les biens immobiliers se transmettent librement en famille.
3. L'immigration est réduite au strict nécessaire, quelques milliers d'ouvriers, principalement slovaques et hongrois, surtout dans le bâtiment: la natalité étant faible en Slovénie, la demande de logements reste limitée.
Voilà un exemple d'un marché libre qui se régule tout seul grâce à l'accompagnement d'une bonne politique sociale. Les étrangers sont dissuadés d'acheter par le très haut niveau des prix, et les nationaux ne sont pas dépossédés du capital important dont ils sont propriétaires. Subsistent néanmoins des cas particuliers difficiles, qui semblent se régler grâce à la "débrouillardise"...
 
Trieste.
Une journée fut consacrée à la ville voisine de Trieste, avec pour guide le président de la Slovenska Skupnost (Union slovène, membre de l'Alliance Libre Européenne, comme la Ligue savoisienne), le professeur Drago Stoka. Le temps de découvrir cette étrange cité, qui était le seul débouché maritime de l'empire austro-hongrois. Trieste fut annexée par l'Italie en 1919. Alors commença un long déclin, car pour l'Italie elle n'était qu'un port périphérique, loin des principaux centres industriels, alors que pour l'empire austro-hongrois ce port occupait une place stratégique irremplaçable.
Trieste et son arrière-pays naturel (la péninsule de l'Istrie, aujourd'hui partagée entre Slovénie et Croatie) ont beaucoup souffert de la barbarie du 20e. siècle. Dans la rizerie de Trieste fut aménagé par l'occupant allemand (de 1943 à 1945) le seul camp de concentration sur sol italien. De nombreux résistants slovènes, croates et italiens y furent torturés, puis déportés ou exécutés. C'est aujourd'hui un mémorial très visité par des groupes de jeunes de toute l'Italie.
 
8-12.jpg (10896 octets)
interview de Patrice Abeille
à la rizerie de Trieste,
ancien camp de concentration.
 
Le parti fasciste ayant été particulièrement fort à Trieste et en Istrie, les représailles furent terribles lorsque l'armée des partisans de Tito prit le contrôle de la zone en 1945. Massacres, confiscations, expulsions... De nombreux Italiens se réfugièrent à Trieste, qui fut restituée à l'Italie en 1954 après une période d'administration militaire alliée. Les Slovènes, qui étaient installés dans la région depuis des siècles, n'ont pourtant pas quitté la ville et ses environs, ils y sont aujourd'hui environ 50 000. Du côté de la Slovénie on dénombre encore environ 3 000 Italiens de citoyenneté slovène. Ces diverses combinaisons de nationalités et de citoyennetés sont difficiles à appréhender quand on est habitué au système français, qui confond les deux notions: c'est l'Europe centrale...
La politique de protection des minorités est puissamment développée, même si la Slovenska Skupnost regrette que l'application des lois et des traités reste incomplète. Il existe à Trieste un journal, une radio et une TV en langue slovène, et à Koper une radio et une TV en langue italienne. Du côté italien, une scolarité en slovène est assurée jusqu'au seuil de l'Université. Les échanges culturels sont incessants à travers la frontière: cette démarcation historique, qui faisait partie du "rideau de fer" entre 1948 et 1990, est toujours restée perméable, elle l'est d'autant plus depuis 2004, quand la Slovénie a rejoint l'Union européenne et que la Croatie a accédé au statut d'État candidat à l'adhésion.
 
Ljubljana.
La visite de la capitale slovène (250 000 habitants) fut avant tout historique et politique.
Dès l'arrivée de la délégation au Grand Hôtel Union, deux conférences donnèrent l'occasion à deux personnalités de premier plan de l'indépendance slovène d'exposer leurs expériences et de répondre à un feu roulant de questions savoisiennes.
D'abord M. Andrej Engelman, haut fonctionnaire spécialisé dans les finances, auteur des premiers budgets de la république de Slovénie; aujourd'hui directeur-adjoint du Bureau gouvernemental des Affaires européennes, il met en oeuvre les efforts de son pays pour l'intégration progressive à l'UE des nouveaux États balkaniques. La Slovénie souhaite en effet avoir, sur son flanc sud, des voisins stables, pacifiques et prospères. M. Engelman insista notamment sur le fait que l'adaptation de son pays aux normes européennes n'a pas été fait sous la contrainte, mais librement et volontairement, parce que les normes européennes correspondaient aux aspirations des partisans de l'indépendance slovène, qui désiraient rompre rapidement avec l'héritage communiste yougoslave.
 
Le deuxième conférencier était M. Francè Bucar, qui fut président du parlement slovène au moment de l'indépendance. À travers des anecdotes tirées de sa mémoire, il sut restituer l'ambiance des années 1990-1991, et montrer que l'émancipation de la Slovénie est survenue, grâce à des circonstances favorables, par l'évolution d'un rapport de force électoral et politique en faveur des élus qui défendaient l'identité slovène. M. Bucar eut des propos fort ironiques sur les media, qui se comportèrent et se comportent encore et toujours, avec une inépuisable servilité, comme les porte-voix du pouvoir, quel qu'il soit: très hostiles à l'indépendance au début, les journalistes s'y rallièrent rapidement et massivement. Quant aux politiciens, M. Bucar, qui est avant tout un grand juriste, les tient en piètre estime: selon lui, avant 1991 ils prenaient leurs ordres à Belgrade, et ensuite ils sont allés les prendre à Bruxelles...
 
La visite de la capitale et du Parlement, avec les explications de deux guides locaux, permit de comprendre comment la nation slovène, toujours dominée politiquement (par l'Autriche, l'Italie, la Yougoslavie) a toujours survécu par sa culture, qui constitue le socle d'une indépendance toute neuve et pourtant nullement artificielle.
 
8-13.jpg (8344 octets) 8-14.jpg (14095 octets) 8-15.jpg (9695 octets)
Patrice Abeille et Andrej Engelman. La délégation savoisienne devant le Parlement slovène Ljubljana, avec au premier plan le château.
 
Il restait juste le temps de voir le lac de Bled, pittoresque lieu de villégiature (malheureusement sous la pluie) avant de reprendre l'avion de la compagnie slovène Adria, à destination de Zürich, et de rentrer en Savoie.
 
8-16.jpg (10796 octets)
Centre historique
de Ljubljana.
Un voyage riche d'enseignements: en Europe, l'indépendance d'une petite nation, c'est possible et ça marche!