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N° 20
décembre 2006
Et Marcion s'en est allé.
Le Congrès des Savoisiens en images.
Les principales décisions du Congrès.
Jean-Philippe Allenbach à Saint-Gervais.
Clairvoyants et déterminés! discours de Patrice ABEILLE
La Ligue savoisienne a choisi ses cadres.
Décès d'Albert Prallet.
Les Sauveteurs du Lac Léman
Histoire locale.
Nouvelles bannières pour Chablais et Maurienne.
Foire d’automne à Saint-Jean d’Aulps (Chablais).
Mini-dico romanche-français.
Bloc-notes.
Les Suisses, Genève et la Savoie.
Économie: pourquoi la Savoie pourrait faire beaucoup mieux.
Libérer sa voie? Libérer la Savoie? Libérer Sa Voie!
 
Le Savoisien vous souhaite un joyeux Noël!
 
 
Et Marcion* s'en est allé.
La brutale disparition de Jean-Paul Cavalié, à Nice le 13 novembre dernier, a jeté un vif émoi dans les rangs de la Ligue savoisienne. Celui qui fut un des premiers compagnons de route de Jean de Pingon est décédé des suites d'une rupture d'anévrisme abdominale qui l'a emporté en quelques minutes, ne lui laissant aucune chance de rémission. Sans doute l'ultime pied de nez de cet attachant personnage, haut en couleur, qui nous quitte dans le territoire frère annexé en même temps que la Savoie et dont le cœur aimait les attraits du sud.
Il faut dire que Jean-Paul était né dans les environs de Constantine à l'époque où l'Algérie était encore française. Ce pied-noir au verbe facile et à l'esprit éclairé avait vécu comme un déchirement le départ forcé de son sol natal. Il se retrouva par un concours de circonstances dans la vallée de l'Arve, peut-être, comme il disait, parce que "Magland se trouve sur le même méridien que Constantine". À force de travail et d'abnégation, il créa et fit prospérer une affaire familiale de pneumatiques.
Mais cet homme en soif d'absolu, avide de quête spirituelle, était un humaniste qui possédait avant tout une capacité d'analyse critique de notre société. Il n'hésitait jamais à dire ses vérités, même si cela faisait grincer les dents de ceux qui considèrent que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Quoi qu'il en soit, ce déraciné trouva en Savoie une entité qu'il aima profondément et sur laquelle il fondait beaucoup d'espoirs. Il rappelait d'ailleurs sans cesse qu'il faut toujours "vivre à la verticale du lieu où l'on se trouve". Sur cette évidence, la Ligue savoisienne fut pour lui une expérience personnelle et collective profonde à une étape cruciale de sa vie.
Jean-Paul Cavalié prit donc diverses fonctions de premier plan au sein de notre mouvement, lui consacrant sans réserve son altruisme et sa bonté. Notre ancien journal L'Écho de Savoie, qu'il avait fondé en 1996, lui devait énormément. Si depuis quelques années il s'était retiré de la scène publique, Jean-Paul continuait à renforcer nos idées en apportant des conseils toujours judicieux. Lors du dernier Congrès, nous l'avions vu préoccupé et même tourmenté par la mauvaise tournure prise par bien des affaires du monde actuel.
Dans le débat d'idées, cette figure atypique tranchait par son franc-parler et son approche radicale de la politique. Jean-Paul tenait une place qu'il sera difficile de combler. Arvi Marcion et encore mille mercis pour tout!
Toutes nos pensées vont à Monique, à sa famille, à son entourage. Le Savoisien partage leurs peines et les assure de sa plus profonde sympathie.
Joël Ducros, Directeur de la publication du Savoisien et Secrétaire général adjoint de la Ligue savoisienne.
Pierre Mudry, Membre du Conseil consultatif de la Ligue savoisienne.
* Marcion était le pseudonyme que Jean-Paul Cavalié s'était choisi.
 
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Le Congrès des Savoisiens en images.
Mieux que des milliers de mots, quelques photos fixeront le souvenir de deux journées exceptionnelles: les 4 et 5 novembre passés à Saint-Gervais. C'était le grand rendez-vous politique et culturel annuel de la Ligue savoisienne. En pages intérieures, découvrez quelques autres aspects de ces journées.
 
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Gilles Rosset, chancelier du Faucigny,
souhaite la bienvenue dans sa commune
de Saint-Gervais.
 
Alain Favre, Président du MRS.
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L'un des deux banquets du Congrès.
 
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Pierre Mudry et Patrice Abeille
dirigent les débats statutaires.
Claude Rouge-Carrassat remet
la dernière plaque savoisienne
à Jean-Luc Évreux.
 
 
   
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Les principales décisions du Congrès.
Chaque année, le Congrès de la Ligue savoisienne est un temps fort de débat, de formation collective, et aussi de décisions.
 
Débat et formation étaient une fois de plus, à Saint-Gervais, copieusement nourris, avec les interventions sur l'avenir industriel (Paul Rivier et Pierre Fillon), la Justice française, une menace pour nos libertés (Thierry Mudry), l'avenir des patrimoines privés (en Europe, en France, en Savoie) par Me. Thierry Tissot-Dupont, et l'indépendance du Monténégro, un espoir pour la Savoie? par Evelyne Anthoine.
L'assemblée statutaire du samedi après-midi avait à se pencher sur plusieurs questions importantes.
Le rapport d'activité de Joël Ducros insistait, parmi les très nombreuses tâches accomplies, sur deux actions d'éclat: la révélation de l'article du code de l'environnement qui autorise les éleveurs à détruire, y compris par arme à feu, les bêtes fauves (donc les loups) qui menacent leurs troupeaux; la protestation sonore contre la cérémonie en l'honneur du général français Dumas le 24 juin au Petit Saint-Bernard. Le rapport fut adopté à l'unanimité.
En marge de ce rapport, le Congrès a discuté du retrait volontaire, observé depuis un an, de Jean de Pingon, fondateur de la Ligue savoisienne. Le Conseil consultatif, par la voix de Pierre Mudry, a donné toutes les explications résultant des réunions qu'il a tenues. Patrice Abeille a détaillé les conséquences, avérées et potentielles, de certains passages du discours prononcé par Jean de Pingon lors du 10e Congrès. Tous les éclaircissements ont été donnés.
Le Congrès a approuvé (unanimité moins 1 vote contre et 5 abstentions) le projet de statuts de l'association Savoie Europe Liberté. Cette structure va regrouper la Ligue savoisienne et le MRS et leur permettre d'oeuvrer en commun, de différentes manières, à l'émancipation de la Savoie. Alain Favre, président du MRS, était présent dans la salle et a expliqué le souhait du MRS de voir naître cette association faîtière. Patrice Abeille, qui présentait cette question, décrit Savoie Europe Liberté comme une "boîte à outils": elle en contient beaucoup, et nous les utiliserons selon nos besoins, selon les circonstances.
Le rapport d'orientation, non soumis au vote, contenait plusieurs thèmes, que voici.
Le voyage d'étude annuel de la Ligue aura pour destination le Monténégro.
La Ligue savoisienne présentera des candidats aux élections législatives de juin dans les huit circonscriptions de Savoie. Pierre Mudry a exposé pourquoi nous sommes obligés d'écarter les arguments de ceux qui préféreraient que la Ligue reste à l'écart des élections. Les candidates et candidats, suppléantes et suppléants, se sont présentés devant le Congrès. Notre journal reviendra prochainement sur ce sujet.
Le secrétariat de la Ligue savoisienne, ouvert au public, est installé depuis 1998 à Annecy le Vieux, chez Patrice Abeille. Ce dernier ayant vendu sa propriété, le secrétariat doit déménager en 2007. Le Bureau exécutif a proposé au Congrès l'achat d'un local par une société civile immobilière. Un "Burothon" a été organisé, avec la distribution d'un bulletin à remplir, proposant plusieurs options. Le succès de l'opération a dépassé toutes les espérances,puisqu'à la fin du Congrès il y avait déjà dix personnes qui s'étaient engagées à souscrire des parts. Début décembre, l'opération est en très bonne voie. Nous annoncerons prochainement l'installation du secrétariat de la Ligue dans de nouveaux locaux.
Enfin le 11e Congrès a été l'occasion d'écrire le dernier chapitre d'une action qui a beaucoup fait parler d'elle depuis dix ans: les plaques d'immatriculation savoisiennes. Le système français d'immatriculation des véhicules devant changer très prochainement, il fallait arriver à une conclusion. Claude Rouge-Carrassat a été le principal responsable des opérations "plaques", presque depuis le début. Il a fabriqué plus de 3700 plaques! Il a assuré la défense de centaines de Savoisiens verbalisés, assistant à près de 200 audiences des tribunaux de police! Le 4 novembre à Saint-Gervais, Claude remettait la dernière plaque savoisienne à son dernier "client", Jean-Luc Évreux. Mais les Savoisiens vont continuer de plus belle à faire connaître leur engagement sur leurs véhicules, grâce à un assortiment d'adhésifs, vendus à des prix très bas, qui sont du meilleur effet sur le pourtour des plaques et sur les carrosseries. Et nous sommes donc prêts pour le nouveau système, qui permettra de faire figurer sur la plaque un symbole régional...
Pendant le banquet du samedi 4 novembre, une plaque d'immatriculation commémorative a été mise aux enchères "à l'américaine", avec des enchères de 2 euros minimum. Animée brillamment par Edmond Sonneville, la vente a rapporté plus de 300 euros à la Ligue. L'heureux gagnant est Gérald Calmus, d'Yvoire (Chablais).
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Jean-Philippe Allenbach à Saint-Gervais.
 
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Le "candidat de la Province" est venu à Saint-Gervais devant les Savoisiens en Congrès, pour présenter l'esprit de sa candidature. C'était le samedi 4 novembre vers midi. Jean-Philippe Allenbach a commencé par un "strip-tease" sur la tribune, se dépouillant d'un pull bleu ciel pour laisser apparaître une large cravate rouge sur sa chemise blanche: rouge et blanc, couleurs de la Savoie, couleurs aussi de la Suisse dont il est citoyen (puisque franco-suisse), et couleurs de l'Alsace dont notre ami Martin Hell était le représentant ce jour-là.
En un temps remarquablement court, Allenbach a égrené les motifs qui lui sont chers, sur le centralisme qui ne marche pas, sur le fédéralisme qui marche, sur la comparaison entre France et Suisse qui devrait balayer tous les doutes: sur les salaires, sur l'emploi, sur les finances publiques, sur la formation, sur l'environnement et quelques autres sujets, la France centraliste est battue par plusieurs points à zéro par la Suisse fédérale.
Jean-Philippe Allenbach est atlantiste, pourquoi? Parce que, selon lui, les pays islamiques comme l'Iran veulent nous détruire, ils le disent, comme Hitler ne masquait rien de son programme en 1938. L'Europe ne se mobilise pas, mais en cas de guerre c'est encore une fois l'Amérique qui viendra à notre secours et personne d'autre.
Le "candidat de la Province", Franc-Comtois, résume son entreprise en une formule-choc: "la France, tu ne me conviens plus, alors ou bien tu changes, ou on se tire". Il pense que 2007 est la dernière occasion de changement vers le fédéralisme (si sa candidature réussit) et qu'en cas d'échec la Franche-Comté devra demander à être admise comme Canton dans la Confédération Helvétique.
Nous serons bientôt renseignés, car 2007 est proche...
 
La province, c'est capital!
 
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Le livre-programme du candidat Jean-Philippe Allenbach est paru fin novembre. C'est une actualisation et un prolongement, en vue de l'élection présidentielle, du livre-programme qu'il avait publié en 1996: "Nous, on propose. Livre-programme du parti fédéraliste".
Car la culture fédéraliste de Jean-Philippe Allenbach ne date pas d'hier. Il se l'est forgée pendant ses années d'études à partir de 1964 à Strasbourg, où le professeur Guy Héraud enseignait le droit international. Guy Héraud fut un des grands théoriciens français du fédéralisme, avec Alexandre Marc, devenu un ami de Jean-Philippe Allenbach quand celui-ci s'établit à Cannes.
Allenbach a toujours eu le goût de l'action collective. Au lycée de Besançon, il présidait un cercle d'échecs au nom prémonitoire: "le pion gênant". En 2007 il voudrait être un "pion gênant" dans la présidentielle... En 1965 il créait à Strasbourg le FEU (Fédéralisme Européen Universitaire). En 1968 un membre du FEU escaladait la cathédrale pour y fixer au sommet le drapeau rouge et blanc de l'Alsace! En 1971 à Paris, Allenbach était secrétaire général du Parti Fédéraliste Européen. En 1994 il créait le Parti Fédéraliste (France) qu'il présida jusqu'à la fin de 2005. Il l'abandonna alors pour se consacrer à sa candidature (Le Parti Fédéraliste est aujourd'hui présidé par Christian Chavrier, qui malheureusement a décidé de se présenter lui-même à la présidentielle au lieu de soutenir le fondateur du parti). Entre temps, Jean-Philippe Allenbach s'est consacré à sa famille et à une belle carrière de directeur financier et de financier indépendant dans le secteur de l'énergie pétrolière et gazière. Le livre expose clairement sa biographie, depuis ses origines franc-comtoise et suisse.
Plusieurs chapitres sont consacrés au diagnostic de la maladie dont souffre la France: synthèse très claire de tout ce que nous savons par ailleurs et que précisent tant d'ouvrages parus et d'articles de presse.
Vient ensuite le projet fédéraliste pour la France: "c'est la voiture qu'il faut changer, pas le chauffeur"! Option pertinente en ce moment, où la course des candidats fait rage alors qu'aucun ne propose un changement des institutions centralistes. Le programme d'Allenbach, c'est "décentraliser, décentraliser, décentraliser"! Il est pour une économie libre, à condition que les hommes soient libres, grâce au MSG (Minimum Social Garanti) versé par l'État à tous les citoyens pour qu'ils puissent se loger, se soigner et se former. Il constate que ce qui a déjà été décentralisé marche plutôt bien (routes, écoles, TER, Parcs naturels régionaux) et souhaite donc tout décentraliser, à l'exception des pouvoirs régaliens (défense, police fédérale...), des grandes infrastructures, des grandes décisions économiques et des grandes normes de la société.
Allenbach propose de revoir le découpage des régions pour donner à leurs habitants un "sentiment de solidarité": ainsi, "pourquoi pas une Région Savoie" (page 132). Les paroles de la Marseillaise seraient réécrites, et le 14 juillet deviendrait la Fête de la Fédération, en rappel de celle de 1790 à Paris (page 128).
Les derniers chapitres sont consacrés aux sujets internationaux, qui relèvent en France de la compétence principale du Président. Jean-Philippe Allenbach y expose sa vision de l'avenir de l'Europe, aujourd'hui en panne, avec un noyau restreint aux pays fondateurs plus l'Espagne qui avancerait dans la construction des États-Unis d'Europe. C'est urgent selon lui car "nous sommes en guerre", guerre contre la pauvreté et "guerre contre le fanatisme religieux, le terrorisme et les États voyous qui les soutiennent".
Souhaitons vivement que ce livre joue un rôle dans la période électorale qui commence. Le lire vous permettra de faire autour de vous un peu de silence en arrêtant le vacarme médiatique que font à nos oreilles les "gros candidats".
Patrice Abeille.
Jean-Philippe Allenbach, La Province c'est capital!, éditions l'Archipel, 2006, ISBN 978-2-84187-893-2 (17,95 euros).
 
 
 
 
 
 
 
Clairvoyants et déterminés!
Discours prononcé par Patrice Abeille, Secrétaire général, le 5 novembre 2006 à Saint-Gervais pour la clôture du 11e Congrès de la Ligue savoisienne.
 
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Savoisiennes, Savoisiens, chères amies et chers amis,
Il y a un an nous fêtions ensemble, à Doussard, le dixième anniversaire de la Ligue savoisienne. Sans céder à la magie des chiffres, force est de constater que nous sommes entrés dans une période nouvelle, dont le contexte nous est encore largement inconnu, et que cette période commence par une transition assez difficile, avec de nombreux défis à relever. Dans cette transition nous devons faire preuve de clairvoyance et de détermination.
Nous devons être clairvoyants sur le monde tel qu'il est, car nous ne sommes pas des utopistes ni des rêveurs. Si nous voulons être la partie la plus lucide et la plus résolue de notre nation, il ne sert à rien de mettre la tête dans le sable.
 
L'économie change, elle est désormais largement mondialisée. La mondialisation est une réalité, ni bonne ni mauvaise en soi, une réalité qui s'impose à tous. Le débat d'hier matin, sur l'avenir industriel de la Savoie, était un commencement de notre réflexion sur la place de notre pays dans cette économie-monde. Il faudra continuer.
Quand l'économie se mondialise, nous prenons conscience des contraintes qui nous lient à l'ensemble des êtres naturels et aux conditions de vie sur cette planète, désormais surpeuplée. La surpopulation aggrave les effets du dérèglement climatique, que nous constatons même ici en Savoie, moins fortement toutefois que dans d'autres parties de la planète. Il est assez vain de se disputer sur l'importance relative des facteurs naturels et des facteurs humains du dérèglement climatique, car de toute façon nous sommes responsables des actions humaines sur le milieu naturel.
Nous commençons à apercevoir la fin de l'énergie à bon marché que nous procure depuis un siècle l'exploitation intensive, extraordinairement rapide, des réserves de pétrole et de gaz que la planète a mis des centaines de millions d'années à accumuler. L'abondance relative du charbon ne doit pas nous rassurer, car sa substitution au pétrole et au gaz aurait des effets dramatiques sur l'air que nous respirons et sur l'atmosphère, comme on le voit déjà en Chine. Il est donc vraisemblable que nous devrons, dans peu de temps, revoir douloureusement notre mode de vie et de consommation. Je me réfère, dans cette réflexion, aux travaux de Jean-Marc Jancovici et de Jared Diamond, dont je vous conseille le livre récemment traduit en français, Effondrement, Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie.
Ce livre démontre qu'il n'y a pas de fatalité dans le destin des sociétés humaines, mais que les échecs sont nombreux et que les réussites proviennent de choix adaptés à l'environnement.
L'Europe est le plus petit des continents, l'excroissance occidentale de l'Asie, mais elle a découvert, exploité et transformé le monde, pour le meilleur comme pour le pire. Nous sommes européens, nécessairement et irrévocablement. L'Europe, après les catastrophes suicidaires des deux guerres mondiales, tente de s'unifier politiquement dans un esprit de paix. Malheureusement la construction européenne est aujourd'hui en panne, à cause du refus des Français (et, accessoirement, des Hollandais) d'adopter une Constitution. La France a toujours été l'ennemie de l'Europe et n'a jamais hésité à s'allier aux Turcs pour détruire l'empire européen (d'abord allemand, puis autrichien). L'Angleterre n'a pas eu une conduite plus constructive. La Savoie, qui faisait partie de l'empire européen depuis ses origines jusqu'à son invasion par les Français en 1792, ne peut concevoir son avenir autrement qu'en participant à l'unification européenne. C'est le choix que nous avons fait en 2004 au Congrès de Bourg Saint-Maurice, et ce choix est irrévocable: nous sommes européens bien avant d'être français, nous resterons européens!
L'Europe vit aujourd'hui, et nous vivons, sous une double pression. La pression migratoire de population désespérées, chassées d'Afrique par les calamités climatiques, la surpopulation et l'effondrement de sociétés déstructurées et corrompues. La pression idéologique de l'islam, dont beaucoup de meneurs, plus politiques que spirituels, agitent l'esprit de revanche des millions de musulmans désormais installés dans les pays européens.
Depuis l'assassinat, en novembre 2004 à Amsterdam, de Theo Van Gogh, les évènements s'accélèrent. La députée hollandaise, d'origine somalienne, Ayaan Hirsi Ali, contrainte de vivre cachée et sous escorte, a décidé de quitter les Pays-Bas pour s'installer à Washington. Les musulmanes européennes se couvrent de plus en plus, de gré ou de force, d'un voile oriental. Nous avons vu le pape Benoît XVI contraint de faire part de ses regrets, après une leçon de théologie que personne n'a pris la peine de lire, et encore moins de comprendre, surtout pas ces musulmans qui, en Somalie, pour bien montrer que leur prophète ne saurait être soupçonné d'attitudes contraires à la raison et favorables à la violence, se sont empressés d'assassiner une vieille religieuse chrétienne italienne. Nous avons vu des artistes, dont les provocations sont d'ordinaire sans limites, s'autocensurer, en Angleterre et à Berlin (mais il en va de même chez nous, bien sûr) pour ne pas choquer le public musulman. Nous savons qu'un professeur de philosophie de Toulouse, Robert Redeker, pour avoir publié une critique de l'islam, sensiblement plus modérée dans son expression que celles de Jean de Pingon, doit vivre caché, éviter de faire cours à ses élèves, changer fréquemment de domicile, pour tenter d'échapper à des menaces de mort que la police juge très sérieuses. Certes, il y a eu, à propos de ces cas extrêmes, quelques protestations de musulmans modérés, notamment à Marseille, mais on attend encore, depuis longtemps d'ailleurs, les manifestations massives d'un islam qui se voudrait européen. Nos amis de culture musulmane, notamment les Berbères d'Algérie et d'ailleurs, savent ce qu'il peut leur en coûter, personnellement, de s'opposer à l'intolérance totalitaire de leur religion.
Venons-en à la France, qui malheureusement n'a pas relâché sa prise sur notre Savoie depuis 1860. Nous assistons, un peu ébahis, à la fin d'une ère assez longue qui a vu s'opposer, dans une certaine complicité, pendant plus de trente ans, François Mitterrand et Jacques Chirac, deux hommes qui n'ont pas ménagé les efforts de leur perversité pour enfoncer un peu plus leur pays dans ses travers traditionnels: bureaucratie, technocratie, privilèges, arrogance, inefficacité, tendance à la guerre civile, et j'en passe et des meilleures... Nous n'avons rien de commun avec un président français qui décore le dictateur Vladimir Poutine du grade le plus élevé dans l'ordre de la Légion d'honneur.
Qui que soit l'élu(e) du 6 mai 2007, le nouveau monarque (car la France est une monarchie élective, c'est évident) nous emmènera dans l'inconnu, et il ne servira à rien de lire les programmes pour se convaincre du contraire. La France n'est plus réformable, n'est presque plus gouvernable, elle ne peut que prolonger son agonie, et c'est tant mieux!
Si nous-mêmes, Savoisiens, décidons de soutenir un candidat (ce n'est pas encore fait, et ce sera à notre Conseil des Provinces d'en décider), il ne s'agira que d'un soutien tactique, qui ne changera rien à notre conviction profonde: l'avenir de la Savoie n'est pas dans la France, qui s'est toujours comportée chez nous en prédateur, mais dans l'Europe, dans une Europe où l'influence de la France aura été réduite à ce qu'elle mérite: le minimum!
En France, les grandes villes sont à la dérive. Un an après les émeutes des banlieues, qui avaient duré trois semaines, rien n'est réglé. La mode actuelle est à l'incendie des autobus (et de leurs passagers). Il y en aura d'autres, et de plus horribles. Il suffit d'attendre. Il y a cinq ou six ans, nous avions distribué un tract, à propos des violences urbaines, qui s'intitulait Chambéry brûle-t-il? Quelques bien-pensants de gauche s'en étaient offusqués. Ils n'ont rien voulu voir. Il y a une semaine à Chambéry, dix voitures ont été brûlées en deux jours: la mode des incendies de bus n'a pas encore atteint la Savoie, mais cela ne saurait tarder. Telle n'est pas, évidemment, la Savoie que nous voulons!
Mais regardons au-delà de ces déplorables phénomènes de délinquance. Notre Savoie, que nos ancêtres avaient entretenue comme un jardin, est en train d'être vendue au détail, à des acquéreurs de passage qui s'imaginent devenir propriétaires de sa beauté au prix d'un terrain ou d'une maison. Voilà l'effet d'une loi fiscale qui n'est pas la nôtre, qui contraint les héritiers d'un bien à le vendre, et voilà le destin d'une nation qui renonce à se défendre. Quand les Savoyards le décideront, ils sauront se donner les moyens de transmettre leurs paysage ancestraux à leurs enfants ou à des gens qui adoptent la culture savoyarde. Le moyen principal, vous le connaissez, c'est l'exonération totale des droits de succession. Le moyen auxiliaire, c'est l'augmentation de nos revenus par la rupture du lien de dépendance avec les gaspillages français.
Dépendance? Oui, j'ai dit dépendance. La France est bien une drogue dure pour celles et ceux qui y ont goûté. C'est une drogue dure qui s'échange dans les salons des préfectures, dans les mairies et dans les Conseils généraux ou régionaux. De plus fortes doses encore sont distribuées dans les ministères. Et nous voyons nos élus se précipiter dans ces lieux interlopes, tremblants à cause de leur sensation de manque, pour y recevoir, en payant le prix de leur soumission, la drogue qui leur est distribuée sous forme de rubans, de médailles, d'investitures et d'autres faveurs de toutes sortes. Pour obtenir leur dose de cette drogue, ils sont prêts à trahir père et mère, sœurs et frères, voisins et amis. Ils sont prêts à trahir leur nation et son histoire, comme ce pauvre Hervé Gaymard, misérable fils d'un cordonnier de Bourg Saint-Maurice, invitant au col du Petit Saint-Bernard un pitoyable ministre, un préfet et une dérisoire armée, pour y entendre les sonneries de cloches des Savoisiens qui n'ont pas oublié leur histoire. Ils ont tous les symptômes du syndrome du laquais!
Dans une situation aussi déplorable, nous aurions bien tort de nous intoxiquer nous-mêmes avec une autre drogue, un antidote, qui consisterait à psalmodier à longueur de journée "le traité est caduc, le traité est caduc". Certes, le traité d'annexion de 1860 est caduc, nous l'avons bien expliqué depuis dix ans, mais si nous nous contentons de répéter cette vérité nous deviendrons aussi ridicules que ceux que Charles De Gaulle décrivait "sautant sur leur chaise comme des cabris en criant L'Europe, L'Europe, L'Europe". Nous ne serions pas crédibles.
Nous devrons donc, car il n'y a pas d'autre choix, affronter les élections législatives. C'est une tâche ingrate, car la plupart des électeurs tourneront leurs regards vers Paris et vers une majorité monarchique (dois-je encore dire présidentielle?) à construire. Mais il est de notre devoir de leur proposer une solution savoisienne aux problèmes de notre temps. Si nous ne le faisions pas, nos adversaires s'empresseraient de déclarer morte l'entreprise savoisienne d'émancipation de notre nation, et nous serions réduits à ne demeurer que comme un club de réflexion nostalgique du passé glorieux de la Savoie.
En proposant notre projet d'émancipation à l'ensemble des électeurs de Savoie, nous devrons, une fois de plus, déjouer les séductions de ceux qui tentent de détourner notre volonté d'émancipation. Il y a eu, dans le passé, les candidats de Pierre Biguet (avec le RDS, Rassemblement des Savoisiens), les troubles manœuvres de Bernard Iselin et Jean-François Chabert (avec la Confédération savoisienne). Il y a aujourd'hui le PFRS (Parti Fédéraliste Régionaliste de Savoie) dirigé par Noël Communod, le coucou savoyard, qui vient d'installer à son domicile de Sainte-Hélène (un nom aux connotations funestes) le siège national du Parti Fédéraliste français, poursuivi par son fondateur pour détournement de fonds. Le coucou ne durera pas plus longtemps que ses prédécesseurs, qui ont voulu détourner et affaiblir l'idée dont vous êtes les représentants, mais il faudra l'affronter et le démasquer l'année prochaine, afin que les Savoyards naïfs ne se laissent pas tromper.
Si nous voulons faire gagner l'émancipation de la nation savoisienne, nous devons garder en bon état de marche l'organisation porteuse de cet espoir, la Ligue savoisienne. Nous le ferons ensemble, en organisant le transfert de notre secrétariat dans un local convenable et durable. Nous le ferons en mettant sur pied une structure commune avec le Mouvement Région Savoie, une structure qui va traduire en acte notre engagement gradualiste: nous sommes en effet favorables, en dépit de ce que peuvent dire tous ceux qui nous caricaturent, à toute avancée vers l'émancipation de notre Savoie (Région simple, Région autonome) sans oublier notre objectif, qui est la souveraineté de notre nation dans le cadre de l'Europe.
Qu'est-ce que la Ligue savoisienne? C'est simplement la concrétisation d'une espérance qui nous est commune: disposer d'un pays libre, démocratique, maître de son destin dans les limites qu'impose de toute façon le contexte international. Un pays digne de nos valeurs et de nos aspirations, un pays qui mérite notre fierté et notre dévouement.
 
La Ligue savoisienne n'est rien d'autre que l'addition de nos espoirs et de nos actes en faveur de cet espoir. Vous le savez bien, ceux qui reprochent à la Ligue savoisienne de ne rien faire sont précisément ceux qui en font le moins, ceux qui ne sont jamais là quand la Savoie aurait besoin d'eux. Ne nous laissons donc pas démoraliser par ces moins-que-rien.
Prenons garde aussi aux divisions internes. Lorsque quelqu'un se propose pour une responsabilité (interne à notre mouvement ou tournée vers l'extérieur comme une candidature aux élections), il est inutile, nuisible ou contre-productif de le critiquer ou de le dénigrer, à moins que l'on s'estime capable, soi-même, de le remplacer avantageusement. Il me semble impératif de renforcer, dans les circonstances difficiles qui nous attendent, la cohésion interne de notre mouvement, en faisant taire les critiques et les ressentiments que nous pouvons tous éprouver.
 
C'est par l'unité et la détermination de la Ligue savoisienne que nous parviendrons, tous ensemble, à relever notre Savoie de l'indignité dans laquelle elle est tombée. Je vous invite donc à faire très attention, à éviter absolument tout ce qui pourrait faire prospérer la discorde et la division entre nous, à unir tous vos efforts, quelles que soient les critiques que vous pouvez avoir envie de formuler à l'égard de tel ou tel, tous vos efforts dans une seule direction commune, celle de l'émancipation de la Savoie.
Et ainsi nous la ferons, cette Savoie que nous aimons, nous la rendrons libre et digne de notre amour, en amalgamant peu à peu autour de notre projet la masse des femmes et des hommes qui vivent au jour le jour sans avoir l'énergie suffisante pour se préoccuper de leur avenir. Et ainsi nous ferons une Savoie libre, digne de notre amour, et nous aurons gagné une récompense bien plus grande que tous nos profits individuels. Nous aurons oeuvré positivement dans l'histoire des hommes. C'est ainsi que nous mériterons vraiment le nom de Savoisiens.
 
Vive la Savoie!
 
 
Le Savoisien a aimé...
... voir Jean-Pierre Rambicur, maire de Margencel (Chablais), manier la bêche pour planter des bulbes de glaïeul des marais dans la forêt de Planbois. Malheureusement les photographes du Savoisien étaient ailleurs!
Le glaïeul des marais, dont la fleur s'ouvre entre 30 et 60 centimètres du sol, est devenu très rare en France, à cause de la disparition des zones humides qui lui conviennent et du reboisement des clairières. Un programme de sauvegarde a été lancé en Haute-Savoie par ASTERS, Conservatoire des espaces naturels. C'est à ce programme qu'a participé Jean-Pierre. Le programme, qui comporte aussi des actions de débroussaillage et de prélèvement de graines, se développe sur les communes de Perrignier, Sciez et Margencel.
Le Savoisien a moins aimé...
... le boycott du Congrès de la Ligue savoisienne à Saint-Gervais (Faucigny) par le maire de la commune, Jean-Marc Peillex, qui était quasiment porté disparu le 4 novembre dernier et n'avait délégué aucun représentant du Conseil municipal. D'ordinaire, les travaux du Congrès annuel des Savoisiens reçoivent la visite du maire ou de l'un de ses adjoints, selon la bonne coutume de la convivialité savoisienne. Monsieur Peillex était-il remonté au Mont-Blanc pour y ramasser les derniers papiers gras de la saison?
 
 
 
 
 
 
 
 
La Ligue savoisienne a choisi ses cadres.
Chaque année le Congrès de la Ligue procède à l'élection des cadres provinciaux du mouvement et de certains responsables. Comme le prévoient les statuts, le Conseil des Provinces élu par le Congrès se réunit dans le mois qui suit pour élire la direction exécutive de la Ligue. Voici les résultats complets de ces opérations.
Les comités provinciaux élus au Congrès.
Les trois premiers de chaque province (le chancelier, le vice-chancelier et le trésorier) composent le Conseil des Provinces, qui est le parlement de la Ligue savoisienne.
Chablais.
Chancelier: Jean JACQUIER
Vice-chancelier: Magali BOUVAREL
Trésorier: Dominique BONDAZ
Suppléants: Pierre OTTIN PECCHIO
Sylvie CADDOUX
Alain PITTARD
Membres: Gérald CALMUS
Philippe DECONCHE
Alain FAYARD
Jean-Claude GROS
Simon JACQUIER
Denis MOCELLIN
Faucigny.
Chancelier: Gilles ROSSET
Vice-chancelier: Alain BURTIN
Trésorier: Jo DUPRAZ
Suppléants: Pierre BORREL
Anne-Marie ROSSET
Thierry BÉNÉ
Membres: Raymond LALLIARD
Marie-Thérèse BÉNÉ
Edmond SONNEVILLE
Christian DEVILLAZ
Michel MUGNIER
Philippe BÉNÉ
Genevois.
Chancelier: Evelyne ANTHOINE
Vice-chancelier: Sophie MATRAT
Trésorier: Paul GIRARD
Suppléants: Sylvie BARDEL
Olga VERGAIN
Bruno BEAUQUIS
Membres: Christian PONS
Jean-Claude BUFFIN
Anne-Marie PRUNIER
Georges GERMAIN
Claude LACOSTAZ
Patrick BURDIN-FRANÇOIS
Savoie Ducale.
Chancelier: Michel VIBERT
Vice-chancelier: Christia VALIGURA
Trésorier: Marc VIROT
Suppléants: Claudette MURAZ
Jean-Luc ÉVREUX
Claude GERVAIS
Membres: Marie ANDRIAN
Guy MAISON
Jacky GURRET
Claude MILLOZ
Philippe DUCLOS
Rose-Marie BILLARD
Tarentaise.
Chancelier: Alain RACT
Vice-chancelier: Joseph RUFFIER
Trésorier: Daniel GLATIGNY
Suppléants: Georges MONDEL
Jean-Jacques RUFFIER
Gilbert MORAND
Membres: Louis LOMBARD
Gérald WOJTAL-AILLAUD
Albertine GAIDET
Gilbert CULLET
Alphonse ABONDANCE
Viviane MARTIN
Maurienne.
Chancelier: Éric GARADIER
Vice-chancelier: Albert PRALLET
Suppléant: Jean BLANC
Membres: Éric MONTAGNON
Henriette VILLETON
Gilles DEQUIER
Olivier EXCOFFIER
 
Les remerciements du Faucigny
Saint-Gervais les Bains a accueilli le 11e Congrès de la Ligue Savoisienne. Je tiens à remercier ceux qui se sont investis, ceux sur qui l’on compte toujours: les Bénévoles. Sans eux, rien ne pourrait s’organiser. Au nom de la province du Faucigny, Merci.
Gilles Rosset, chancelier du Faucigny.
Les autres élus du Congrès.
Secrétaire des Jeunes Savoisiens: David FRANK
Commissaire aux comptes: Bernard FAUVELAIS
Commissaire aux comptes adjoint: Thierry TISSOT-DUPONT
Membres d'Honneur du Conseil des Provinces: René Besenval (Val d'Aoste), Giorgio Filograna (Piémont), Éric Caboussat (Vaud).
Les élus du Conseil des Provinces.
Le Conseil des Provinces s'est réuni le 3 décembre 2006 et a procédé aux élections statutaires à bulletins secrets. Voici les résultats.
Michel Vibert (chancelier de la Savoie Ducale) a été élu chancelier de Savoie: c'est lui qui préside les réunions du Conseil des Provinces.
Sophie Matrat (Trésorière) et Jean-Claude Buffin (Trésorier suppléant) ont été renouvelés dans leurs fonctions.
Le Bureau exécutif a été constitué comme suit: Patrice Abeille (Secrétaire général), Joël Ducros (Secrétaire général adjoint), Michel Jazarguer et Claude Rouge-Carrassat (Délégués aux provinces).
Conseil consultatif (organe de surveillance):
Guy Martin et Jean-Marc Jacquier ont été élus par le Conseil des Provinces.
Jean de Pingon a été désigné par le Bureau exécutif.
Alain Dupuis et Pierre Mudry ont été désignés par Georges Billard (président du Conseil consultatif sortant).
À l'ensemble des élus, Le Savoisien souhaite bon travail en 2007 pour la Savoie!
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Décès d'Albert Prallet.
 
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Notre ami Albert, chancelier de la province de Maurienne depuis plusieurs années, a succombé le premier décembre à une longue maladie. C'est une bien triste nouvelle pour tous ses proches et pour tous les cadres de la Ligue savoisienne, qui le voyaient lutter courageusement contre un mal pourtant inexorable qui le paralysait. Chacun a fait son possible pour l'aider et le soutenir jusqu'au bout. Aujourd'hui notre affection et notre peine s'adressent plus particulièrement à son épouse et à ses enfants.
Adieu Albert!
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Les Sauveteurs du Lac Léman (section de Lugrin) méritent les félicitations du Savoisien!
Non content de s’être illustrés le samedi 26 août dans le parcours du Marathon du lac Léman Lugrin – Villette à la rame (Vilette est un petit port pas très loin de Lausanne) nos sauveteurs le 8 octobre dernier ont décidé de s’attaquer cette fois à la traversée du lac Léman dans sa longueur, soit une balade de 70 Km, et 8 heures de traversée à la rame sous un ciel bas (voir nos photos). Mais rien n’arrête nos rameurs qui sont partis de Genève à 5h du matin pour rejoindre Villeneuve (bout du lac en Suisse) à bord du Mutin, nom prédestiné pour ce bateau arborant fièrement les couleurs de la Savoie. Un grand bravo à tous les sauveteurs et particulièrement à Martin (20 ans) "le petit" et à Armand (64 ans) le vétéran.
 
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Pour information: La SSLL, Société de Sauvetage du Lac Léman, ancêtre de la SISL, Société Internationale de Sauvetage du Léman, a été fondée, le 6 septembre 1885, sous l'impulsion du colonel Suisse William Hubert (1830-1895) et certains pêcheurs et bateliers du lac. Actuellement la SISL compte 34 sections, suisses, françaises et savoisiennes (dont la section de Lugrin) comprenant en tout 2300 membres bénévoles.
 
 
 
 
 
 
 
Histoire locale.
 
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Saint-Pierre en Faucigny est une commune issue en 1965 de la fusion des trois communes de Saint-Pierre de Rumilly, Saint-Maurice de Rumilly et Passeirier. Cette communauté récente créée entre les pôles économiques rochois et bonnevillois a une histoire ancienne avec une présence humaine attestée dès les Burgondes, puis évoluant au contact des deux provinces savoisiennes du Genevois et du Faucigny.
L’histoire de ses châteaux, de ses paroisses, de ses écoles, de ses commerces, sa vie économique et associative... sont retracées dans le livre de Pierre Borrel et Michel Pessey-Magnifique: Les clefs de Saint-Pierre des Burgondes au III° millénaire, une promenade dans la commune.
Cet ouvrage de 370 pages en quadrichromie, de plus de 800 illustrations, est édité par la Société d’histoire locale de Saint-Pierre en Faucigny et Saint-Laurent et a été mis en vente par ses adhérents dès le 1er décembre 2006 au prix de 35 euros.
Les Savoisiens intéressés peuvent contacter Pierre Borrel à Saint-Pierre en Faucigny (Savoie du Nord).
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Nouvelles bannières pour Chablais et Maurienne.
La Ligue savoisienne a fait réaliser deux séries de bannières portant les emblèmes des deux provinces situées aux extrémités nord et sud de la Savoie. Leur graphisme a été retravaillé pour concilier parfaitement l'esthétique et la tradition historique.
Couleurs éclatantes, bande de renfort et anneaux de fixation, bonne tenue en pavoisement extérieur.
En vente (25 euros la pièce) à la boutique de la Ligue savoisienne. 
 
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Foire d’automne à Saint-Jean d’Aulps (Chablais).
 
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Ce gros village, centre de la vallée d’Aulps qui s’étire sur 25 Km entre Morzine et Thonon, rééditait le 29 octobre une foire qui connaît de plus en plus de succès, attirant d’abord les gens du pays mais aussi (les touristes sont rares à fin octobre) beaucoup de résidents secondaires français, britanniques et suisses. C’est donc à une foire (presque) internationale que Le Savoisien participait pour la première fois afin de ranimer la flamme de la Savoie dans les cœurs chablaisiens… et il y en avait besoin! Bien situé sur le chemin d’accès depuis le centre village, le stand du Savoisien fut très fréquenté dès 10 heures du matin et les bénévoles de la Ligue savoisienne et du MRS furent pressés de questions sur la Savoie, son histoire, son avenir, sa position vis à vis de la France et de l’Europe, etc. Il fut même facile de faire comprendre à certains britanniques que la Région Savoie souhaiterait bénéficier d’un statut d’autonomie comme l’Écosse et le Pays de Galles, mais que la France avait encore beaucoup de retard dans ce domaine, comme dans d’autres… Il se pourrait bien que quelques autos de plus affichent un blason de Savoie à côté de leur GB d’origine!
Tandis que le député Marc Francina confiait à qui voulait l’entendre que notre équipe de foot pourrait s’appeler maintenant "Ducs de Savoie", Denis Bouchet, conseiller général du canton, exaltait dans un discours enthousiaste le dynamisme de la commune en montrant en exemple les nombreux jeunes agriculteurs venus exhiber leurs superbes abondancières, les vaches emblématiques du Chablais.
Il y avait pourtant une fausse note dans cette symphonie alpestre aux couleurs de l’automne: la quasi absence de pavoisement dans la commune, en dehors du stand du Savoisien. Il est quand même étonnant que des Britanniques mettent des blasons de Savoie sur leurs voitures et qu’il n’y en ait pas sur la Mairie!
Pierre Ottin Pecchio.
 
 
 
 
 
 
 
Mini-dico romanche-français.
Chez l'éditeur breton Yorann Embanner, les mini-dictionnaires sortent à cadence élevée, la collection comportant déjà 21 titres. L'un des derniers nés est le "rumantsch grischun/franzos, français/romanche" rédigé par Dominique Stich: 8000 mots, avec prononciation en phonétique et introduction linguistique. À commander (6 euros + port 2 euros) à Yorann Embanner, 71 Hent Mespiolet, 29170 FOUENANT <yoran.embanner@gmail.com>
 
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Bloc-notes.
Vendredi 15 décembre à 20 heures:
Réunion des Savoisiens du Chablais
Sciez, salle des Oiseaux
 
 
 
 
 
 
 
Les Suisses, Genève et la Savoie.
2e. partie:Le modèle politique suisse selon Adolf Gasser.
par Thierry Mudry.
(D'après la conférence prononcée par Thierry Mudry à Doussard le 5 novembre 2005, lors du 10e Congrès de la Ligue savoisienne. Les sous-titres sont de la rédaction)
 
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Celui qui a probablement donné la meilleure description du modèle politique helvétique est un auteur suisse, à la fois juriste, historien et homme politique: Adolf Gasser, né en 1903, décédé en 1985.
Fils d'un dirigeant socialiste, Adolf Gasser s'intéresse très tôt à l'histoire des libertés locales de son pays. Il y consacre sa thèse de doctorat, soutenue en 1927 à l'université de Heidelberg, en Allemagne.
D'abord membre de l'Union paneuropéenne du baron Coudenhove-Kalergi, qui milite en faveur de l'unification politique de l'Europe, Adolf Gasser obtient une chaire à l'université de Bâle. Il prend alors la tête du parti radical-démocratique dans le canton, sans renoncer le moins du monde à son engagement européen: Gasser s'ancre dans la tradition politique suisse. Il n'est pourtant pas un isolationniste. Loin de refuser un destin européen à la Suisse, il propose au contraire que l'union de l'Europe se fasse sur le modèle suisse, et que l'État européen se construise à partir du bas, à partir de la commune, et non par un acte d'autorité émanant d'élites sans légitimité.
Les fondements de la "démocratie saine".
Adolf écrit ses traités politiques entre 1939 et 1949, au moment où l'Europe était ravagée par la guerre ou en sortait à peine, au moment où elle était dominée par les totalitarismes fasciste et communiste. L'histoire de la liberté populaire et de la démocratie, son premier ouvrage, est publié pour la première fois en 1939 et sera réédité en 1949; une édition clandestine circule en Italie dès 1940. L'objectif de Gasser est d'étudier les fondements de la démocratie suisse et des autres "démocraties saines" (selon sa propre expression): il situe ces fondements dans l'autonomie communale. Il montre ainsi ce qui sépare irrémédiablement les "démocraties saines" des totalitarismes, et de ce qu'il nomme les "démocraties caduques", qui ont montré leur inaptitude à résister aux mouvements totalitaires, et qui, par leur structure administrative centralisée, présentent d'indiscutables traits liberticides.
Pour Gasser, il existe deux modes d'organisation politique. Je le cite. "Ou bien l'ordre social est obtenu par le moyen d'un appareil coercitif du mode autoritaire, ou bien il est fondé sur la libre disposition du peuple. Dans le premier la cas la structure de l'État est imposée de haut en bas, dans le second elle se détermine de bas en haut. Là, le principe ordonnateur se résume dans l'habitude du commandement et de l'obéissance, ici dans la volonté générale de libre coopération". (1)
Dans La démocratie comme destin suisse, Gasser utilise deux mots allemands pour désigner chacun des termes de cette alternative: Herrschaft et Genossenschaft. Herrschaft signifie pouvoir et domination. Genossenschaft (littéralement "communauté des compagnons") est plus difficile à traduire: il exprime une réalité qui n'a pas, ou qui n'a plus sa place dans l'espace français, aplani depuis des siècles par l'absolutisme royal, où tout finit par se réduire à la confrontation entre le sujet, ou le citoyen, individu isolé, et l'État central "surplombant", pour reprendre la description du sociologue Michel Maffesoli.
La Confédération helvétique se nomme, en allemand, Eidgenossenschaft, littéralement "communauté des compagnons liés par serment". Pour Adolf Gasser, la Suisse s'est fondée sur la Genossenschaft, pas sur le pouvoir ou la domination. Comment traduire Genossenschaft?
Le professeur de droit Raymond Saleilles, dans ses cours à l'université de Paris au début du 20e siècle, était obligé de remonter au Moyen Âge pour trouver en France un équivalent de la Genossenschaft germanique: la Compagnie, dont les membres, les compagnons, sont liés par une solidarité de classe ou de profession. Mais depuis, le mot compagnie a dévié de son sens primitif et ne s'applique plus guère qu'aux grandes sociétés commerciales ou industrielles... La Compagnie du Moyen Âge était une sorte de confrérie laïque: ses membres faisaient partie d'un compagnonnage.
Démocratie en Suisse, Savoie et Alpes.
L'attrait, pour nous, de la démocratie suisse telle qu'elle est mise en lumière par Adolf Gasser, c'est qu'elle repose sur ce rapport de compagnonnage. Il y a entre la Savoie et la Suisse de nombreux points communs, liés à notre identité alpine. La Savoie s'est construite dans les hautes vallées, où le combat quotidien contre la nature, où la gestion collective des alpages, ont obligé nos ancêtres à se grouper en communes. Sur le fondement de ces communes s'est bâtie l'entité savoisienne, avec le soutien de nos comtes: on sait en effet qu'au Moyen Âge les comtes de Savoie ont soutenu le combat des communes contre les féodaux. Certes, par la suite, nos souverains, devenus des ducs, ont imité l'absolutisme français et ont enlevé aux communes, notamment par la réforme de 1738, leur autonomie. Mais à l'origine de notre identité savoisienne, il y a cette organisation compagnonnique dans les communes, où ensemble nous faisions face à la nature, où ensemble nous gérions ce qui était nécessaire à notre existence.
La Suisse a débuté de la même façon que la Savoie, dans ses communes libres qui se sont débarrassées de la tutelle des féodaux. Le serment du Grütli en 1291, par lequel les Waldstätten, les cantons forestiers de la Suisse, ont scellé leur alliance contre les Habsbourg, a établi cette liberté grâce à laquelle la Confédération helvétique a vu le jour. Ensuite la Suisse s'est peu à peu construite par des alliances successives, entre les communes, les vallées, à partir des Waldstätten jusqu'à la Suisse que nous connaissons maintenant, qui a englobé des communes rurales, puis des communes urbaines, ensemble décidées à défendre leurs libertés contre les empiètements des féodaux, des seigneurs laïcs ou ecclésiastiques.
Gasser illustre parfaitement ce qui peut nous attirer vers la Suisse, ce qui pourra nous permettre de construire un modèle savoisien, dans lequel les institutions fédérales que nous voulons nous permettront d'acquérir la liberté à laquelle nous aspirons. Gasser évoque la "commune franche et armée". En effet les paysans suisses s'étaient armés pour défendre leurs libertés. Machiavel dit à son époque que les deux meilleures armées du monde étaient l'armée suisse et les janissaires ottomans. Impressionné par l'intrépidité des paysans suisses, ces "pèquenots" de l'époque, il dit bien que les libertés suisses font la force, l'invincibilité, de cette armée.
Pour Gasser, la "commune franche et armée" constitue la base de la démocratie. L'apprentissage de la gestion collective, compagnonnique, est le lieu de l'instruction civique. C'est le lieu où l'on apprend la confiance mutuelle et la tolérance civique, sans lesquelles il ne peut y avoir de démocratie.
Quand on se tourne vers la France, on aperçoit bien que la France n'est pas un pays démocratique. L'absence d'esprit démocratique, l'absence de véritables institutions démocratiques, explique que chaque fois qu'un problème se pose en France, la solution est le recours à l'homme providentiel. En Suisse on n'a pas besoin d'homme providentiel: chaque citoyen est un homme providentiel pour la Confédération. La France a besoin de monarques, elle a besoin de Césars, elle a besoin de De Gaulle. Ces personnages sont sans doute des hommes d'exception, porteurs de qualités extraordinaires, mais malheureusement le citoyen français ne voit jamais en soi-même la solution à la crise que son pays traverse.
Il faut retenir la leçon d'Adolf Gasser: la commune autonome et libre est le fondement de la démocratie. L'alliance des communes autonomes est le fondement de l'État démocratique. L'apprentissage de la vie politique dans la commune, où chacun prend part à la décision, où chacun, demain, peut être investi du pouvoir exécutif, où chacun apprend la tolérance et la confiance, c'est la découverte de l'importance des libertés publiques.
Vers une Europe fédérale?
Et je finirai par une longue citation du Valdôtain Émile Chanoux, tirée de son testament politique de 1944:
"La Suisse est la Terre Promise des hommes restés libres dans leur esprit. (...) Dans l'Europe de demain, qui aura perdu par ses folies la domination du monde, la mission de la Suisse nécessairement sera modifiée. Il n'y aura plus, dans la péninsule européenne, de grands peuples luttant pour la domination mondiale, il n'y aura plus que des peuples fatigués, appauvris, ne gardant de leur ancienne grandeur que le souvenir et cette capacité de se haïr qui est le propre des déchus. Alors la Suisse pourra aspirer à la primauté, non pas à une primauté matérielle, mais à une primauté spirituelle. Elle pourra enseigner aux autres peuples de la vieille Europe qu'il n'y a pas de différence essentielle entre eux et que c'est seulement l'esprit mégalomane et aveugle des hommes vivant dans les zones périphériques de cette Europe qui a pu faire croire le contraire. Rome, Berlin et même Paris ne sont pas précisément au centre de l'Europe, et voilà pourquoi celle-ci n'a jamais trouvé son unité. La Suisse est au centre, elle a dans son sein des peuples parlant les trois principales langues de la péninsule européenne. Elle ne connaît pas la haine des races. Elle est, en petit, l'Europe. L'Europe devra être, en grand, la Suisse, faute de quoi elle mourra comme la Grèce ancienne est morte. Ce processus d'unification ne pourra cependant avoir lieu d'un seul coup. Une Suisse de trois millions d'hommes ne pourra pas opérer cette fusion, une Suisse de vingt millions d'hommes pourra la réaliser. Voilà pourquoi, de cette guerre fratricide entre Européens, doit naître la nouvelle Suisse, c'est-à-dire une Suisse réunissant les peuples de la chaîne des Alpes, dont les mœurs, la race et les langages sont identiques à ceux des peuples suisses. Cette nouvelle grande Suisse aura une puissance suffisante dans l'Europe pour pouvoir empêcher que des peuples en son sein aspirent à la primauté contre d'autres peuples européens, et elle aura un pouvoir d'attraction suffisant pour que tous les peuples périphériques de l'Europe sentent le besoin d'entrer dans la communauté suisse, c'est-à-dire dans la communauté européenne. Tout cela est-il chimérique? Hier on aurait pu le croire, mais la guerre brûle les idées faites et les constructions mentales comme elle brûle les villes. Elle accélère les processus historiques, elle détruit des États qui avaient duré pendant des siècles avec tout ce que cela comportait d'intérêts, d'idées et de préjugés. Elle bouleverse tout, les hommes comme les choses. Voilà pourquoi ce qui aurait semblé une utopie avant la guerre peut devenir une réalité après la guerre. Il suffit que des hommes sachent vouloir cela. Il faut que des hommes, et surtout des Suisses, sachent vouloir cela".
Cette aspiration à réaliser l'unité dans l'indépendance des peuples alpins, nous la partageons, avec l'idée de vouloir tirer le meilleur du modèle suisse. Mais le meilleur du modèle suisse, nous le portons nous-mêmes dans notre histoire.
Th. M.
(1) L’autonomie communale et la reconstruction de l’Europe, Neuchâtel, Éditions de la Baconnière, 1946, p.13.
 
 
 
 
 
Économie: pourquoi la Savoie pourrait faire beaucoup mieux.
Depuis au moins 20 ans, les notes de conjoncture économique de la Savoie révèlent un avantage relatif par rapport aux résultats français. Le chômage y est toujours plus faible, la population active plus nombreuse, le solde positif entre exportations et importations très élevé (même quand le commerce extérieur de la France est en lourd déficit, comme depuis deux ans), l'apport du tourisme extrêmement profitable.
Mais l'avantage n'est que relatif à une situation française qui se dégrade régulièrement. Plusieurs fois par an, des experts internationaux donnent leurs classements des États de la planète selon différents critères de compétitivité, d'attractivité, de résistance à la corruption. Évidemment, chacun de ces critères et chacune de ces méthodes de classement peuvent faire l'objet de critiques. Mais la résultante de ces innombrables classements est que le rang de la France régresse régulièrement. Autrefois un géant sur la scène internationale, la France se trouve maintenant à la 18e place selon le World Economic Forum, à la 15e place selon un autre institut, au 19e. rang mondial pour le PIB par habitant!
En pointe parmi les territoires français, la Savoie reste liée aux performances médiocres de la France. Les bas salaires sont une réalité chez nous, de même que la précarité de l'emploi, le chômage et l'insuffisance des formations. Les difficultés de la population sont amplifiées par le coût très élevé du logement et les ponctions fiscales excessives absorbées par la gestion déplorable de l'État français et de ses satellites.
Si, au lieu de nous satisfaire d'être un peu moins mal lotis que les autres Français, nous déplaçons notre regard vers l'ensemble de la planète, nous trouverons facilement des raisons d'espérer de meilleurs succès.
Les dix pays qui comptent le plus d'habitants sont, par ordre décroissant, la Chine, l'Inde, les États-Unis, l'Indonésie, le Brésil, le Pakistan, la Russie, le Japon, le Bangladesh et le Nigeria. Les dix pays les plus riches sont, par ordre décroissant, le Luxembourg, la Norvège, les États-Unis, la Suisse, le Danemark, l'Islande, l'Autriche, le Canada, l'Irlande, et les Pays-Bas. Le seul pays figurant sur les deux listes est les États-Unis: c'est un pays fédéral. (1)
Ces constatations ne reviennent pas à dire qu'il suffit d'être petit pour être riche, mais elles prouvent que la taille de la population d'un État est plutôt, d'ordinaire, un handicap dans la course à la prospérité. Les petits États ouest-européens sont parmi les plus riches du monde, et les deux républiques alpines sont sur la liste. La Suisse vient de créer, en 6 ans, 200 000 emplois!
La Savoie n'a plus qu'à s'inspirer des réussites des nations voisines, au lieu de s'échiner à travailler pour la France, qui n'aura toujours que mépris pour les efforts de ses montagnards.
Patrice Abeille.
(1) Ces deux listes sont tirées du livre de Jared Diamond, Effondrement, éd. Gallimard, 2006, page 570.
 
 
 
 
 
Libérer sa voie? Libérer la Savoie? Libérer Sa Voie!
Commencer par se libérer soi-même pour pouvoir libérer son pays, c’est le sens du message que nous adresse Michel Fontaine dans son ouvrage Libérer Sa Voie (à paraître) dont Le Savoisien publie de larges extraits.
Michel Fontaine, né en 1947, Docteur en Médecine, vit à Chamonix où il exerce la médecine générale depuis une vingtaine d’années après avoir consacré plus de dix ans à la recherche médicale en immunologie.
C’est de sa réflexion de chercheur, de praticien au contact des malades et de Savoisien passionné de montagne qu’il tire le message fort qu’il nous adresse aujourd’hui.
Ce que le système de protection sociale nous fait miroiter comme une panacée pour nous appâter (la prise en charge totale du patient de telle sorte qu’il n’ait plus un sou à sortir de sa poche pour payer ses soins ou ses médicaments) correspond en fait à une manipulation calamiteuse. Il cherche à faire croire au patient que sa santé lui est due, sans qu’il y participe. Il crée ainsi le symbole glorifié de l’abdication de conscience et de responsabilité de soi qui programme de fait le patient à être le spectateur passif de la rencontre qui a lieu en lui, entre sa maladie (bien souvent due aux conditions de vie détériorées ou absurdes imposées par le système) et la médecine du système. Il est ainsi amené à accepter que sa santé et sa vie ne lui appartiennent plus, puisqu’elles lui sont achetées. Elles appartiennent au système qui en a fait le territoire jalousement gardé de son marché: pour vendre ses soins, ses médicaments, son pouvoir. Cette programmation inconsciente ressemble étrangement à un vol d’âme.
Il programme également le patient à perdre le sens de la valeur de sa propre santé et de sa propre vie puisqu’il est déchargé du geste, hautement symbolique et témoignant de la valeur qu’il se reconnaît, de payer pour lui-même: s’il sortait les billets de sa poche pour régler ses soins et ses médicaments, il affirmerait son autonomie et sa plénitude. Il aurait une toute autre approche de la valeur de sa santé, de son respect, de sa valeur personnelle, mais le système ne veut surtout pas que l’être humain découvre ce qu’il se doit à lui-même et l’on comprend facilement pourquoi... Cela effondrerait son fonds de commerce qui ne peut reposer que sur l’ignorance et l’inconscience des individus, soigneusement maintenues et gérées.
Alors le système cherche à généraliser en le présentant comme un "bien", le fait pour le patient de ne pas avoir à débourser un sou lors de sa visite chez le médecin. La régression de l’être humain ainsi planifiée est alors nommée "progrès social".
Pourtant l’évidence est là: la gratuité de la santé, considérée comme un dû, est la meilleure façon de lui enlever toute valeur.
Dr Michel Fontaine.